Pour éviter que les 30 000 étudiants touchés par la grève des chargés de cours de l'Université de Montréal ne perdent leur session, les doyens de l'établissement donneront certains cours dès la semaine prochaine à moins qu'une entente ne soit signée d'ici là.

Le vice-recteur adjoint aux affaires professorales de l'Université de Montréal, Luc Granger, explique que si aucune entente n'est signée avec les chargés de cours d'ici au 5 avril, certains cours seront annulés. Mais d'autres seront offerts par des cadres de l'établissement.

Pour limiter les impacts sur les étudiants, la direction de l'Université a demandé à ses doyens et vice-doyens de «prendre des mesures» de rattrapage. «Certains doyens pourraient donner des cours jusqu'à la fin de la session, confirme M. Granger. Les doyens et vice-doyens ont tous été professeurs. Mais ils ne sont pas syndiqués. Donc on ne parle pas de briseurs de grève.»

D'autres cours seront annulés, mais offerts à nouveau dès le mois de mai. «On espère régler à la table, mais le 6 avril on saura ce qu'on pourra faire. Le plus possible, on veut diminuer l'impact sur les étudiants», dit M. Granger. Ce dernier assure que depuis le lancement de négociations intensives le 25 mars, «ça commence à débloquer».

Le président du syndicat des chargés de cours de l'Université de Montréal (SCCCUM), Francis Lagacé, assure lui aussi que les négociations avancent. Mais il juge néamoins «totalement irréaliste et irrespectueux» l'idée de la direction de l'Université d'amener les doyens à donner des cours.

«Comment les 60 doyens et vice-doyens pourraient-ils donner les 2000 cours des chargés de cours? C'est une preuve du manque de sérieux de l'Université», dit M. Lagacé.

Mais du côté de la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAÉCUM), on s'inquiète du fait que certains doyens pourraient offrir des cours pour en éviter l'annulation. «C'est inacceptable comme mesure de rattrapage, affirme le président de la FAÉCUM, Nicolas Descroix. On paye pour avoir des cours de qualité. Pas pour avoir ça», soutient-il.

M. Descroix explique qu'en plus de recevoir des cours de doyens, les étudiants de certains programmes notamment en sciences politiques ne recevront que des lectures dirigées jusqu'à la fin de la session. «C'est inacceptable», répète M. Descroix.

Les étudiants craignent tant de voir leur session ainsi hypothéquée, qu'ils enverront dès cet après-midi une mise en demeure à l'Université de Montréal. «On avertit que si les contrats des chargés de cours sont annulés le 5 avril, on va aller de l'avant avec nos procédures judiciaire», dit M. Descroix.

Les chargés de cours de l'Université de Montréal sont en grève depuis plus d'un mois. Ils réclament notamment la diminution des groupes-cours, la diminution de la précarité d'emploi et l'augmentation de leurs salaires.