Le Conseil supérieur de l'éducation invite les écoles primaires du Québec et les parents à réfléchir sur l'opportunité de donner des devoirs aux élèves.

Dans un avis remis jeudi à la ministre de l'Éducation du Québec, l'organisme gouvernemental chargé de conseiller le gouvernement sur des questions liées à l'éducation estime que les enseignants et les parents devraient discuter de la pertinence des travaux scolaires à effectuer à la maison.

Au cours d'une entrevue avec La Presse Canadienne, la présidente du Conseil supérieur de l'éducation, Nicole Boutin, a expliqué que le contexte familial des élèves et la situation de l'emploi des parents avaient changé.

Dans son avis, le Conseil supérieur de l'éducation explique, par exemple, que de plus en plus d'élèves québécois voient leurs deux parents occuper un emploi.

Selon Mme Boutin, il est donc également de plus en plus ardu pour les parents d'aider leurs enfants dans la réalisation des devoirs.

Voilà pourquoi la présidente du Conseil supérieur de l'éducation invite les enseignants, en premier lieu, et les parents à considérer les devoirs d'une tout autre manière, c'est-à-dire «à penser les devoirs autrement et à les voir dans un nouveau contexte de conciliation «travail-famille-école».

Le conseiller du gouvernement québécois en matière d'éducation précise toutefois qu'il ne prend pas position sur la question.

«Un devoir est pertinent quand il fait partie de la stratégie pédagogique de l'enseignant», a tout de même affirmé Mme Boutin.

La présidente du Conseil supérieur de l'éducation a expliqué que les avis fournis par son organisme étaient souvent étayés sur des recherches et des enquêtes menées dans le milieu de l'éducation.

«On n'a pas trouvé de résultats de recherche, on n'a pas trouvé, auprès des acteurs, des éléments qui nous permettraient d'avoir une position «pour' ou «contre» les devoirs, ou de déterminer si les devoirs sont pertinents», a-t-elle précisé.

Les enseignants et les parents disposeront par conséquent de peu de matière pour nourrir leurs réflexions, puisque les recherches ou les réflexions menées jusqu'à présent au sujet des devoirs sont très rares.

Mme Boutin a toutefois expliqué que le Conseil supérieur de l'éducation demandait, dans son avis, à la ministre Michelle Courchesne, aux universités et aux chercheurs de lancer des recherches sur cette question afin d'alimenter la réflexion.

Quoi qu'il en soit, la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) se réjouit que le Conseil supérieur de l'éducation ne prenne pas position sur la pertinence des devoirs.

Le président de l'organisation, François Paquet, estime qu'il est important que le Conseil supérieur de l'éducation associe les parents à la démarche de réflexion avant de prendre position sur la question.

«Nous (les parents) sommes les premiers concernés», a-t-il fait valoir au cours d'une entrevue.

La FCPQ se dit néanmoins favorable aux devoirs. Et les résultats d'un sondage qu'elle a dévoilés jeudi conduisent à penser que cette position reflète l'opinion des parents québécois.

Selon ce sondage, mené auprès de comités de parents membres de la FCPQ, une grande majorité des parents sont tout à fait ou plutôt d'accord avec la tenue de devoirs au primaire.

Mais M. Paquet a toutefois ajouté que davantage de soutien devait être fourni aux parents. Il a recommandé que soit fourni aux parents un guide expliquant en quoi devrait consister une période de devoirs.

Ainsi, par souci d'efficacité, parents et enfants ne devraient pas consacrer plus de 30 minutes par jour aux devoirs, selon François Paquet.