Naema, cette femme d'origine égyptienne qui avait déjà été renvoyée du cégep Saint-Laurent parce qu'elle refusait d'enlever son niqab en classe, a été expulsée d'un autre cours de français sur ordre de Québec. Selon l'opposition, cette affaire illustre le flou entourant la «politique du visage découvert» du gouvernement Charest.

Comme l'avait révélé La Presse la semaine dernière, le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles, en novembre dernier, avait expulsé la jeune femme d'un cours de français pour immigrés après que le cégep eut passé des mois à tenter de parvenir à un compromis avec elle. Mais elle s'est inscrite par la suite à un autre cours de français, cette fois au Centre d'appui aux communautés immigrantes (CACI). Elle a suivi des cours à temps partiel sans devoir retirer son niqab.

Or, un haut fonctionnaire du ministère, Roger Giroux, directeur général de la francisation, a rencontré Naema mardi en matinée pour lui demander d'enlever son niqab ou de quitter la classe de français. Elle a choisi encore une fois la deuxième option. À la suite de son expulsion du cégep Saint-Laurent, Naema a porté plainte à la Commission des droits de la personne.

«On lui a très bien indiqué qu'elle ne pouvait assister au cours de français le visage couvert, a dit la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Yolande James. On doit voir le visage de la personne lorsqu'elle veut assister au cours de français. Il n'y a pas de compromis là-dessus.»

Confusion, dit l'opposition

Mais la députée péquiste Louise Beaudoin n'est pas satisfaite : «La confusion règne dans nos institutions à cause du laisser-faire du gouvernement libéral. Plus personne ne sait comment traiter les demandes d'accommodement religieux.» Si Naema a pu suivre des cours de français en portant son niqab pendant un certain temps, c'est que la directive de la ministre «n'était pas très claire», a-t-elle ajouté lors de la période des questions à l'Assemblée nationale. «Pendant combien d'années encore le gouvernement gérera-t-il ainsi au cas par cas, par des décisions arbitraires, sans balises claires et pour les agents de l'État et pour les usagers?» Mme Beaudoin demande que le port du voile intégral soit clairement interdit dans toutes les institutions publiques et parapubliques.

Yolande James a répliqué : «Il n'y a pas de flou. Au Québec, on reçoit les services à visage découvert et on donne le service à visage découvert.» Le gouvernement entend faire d'autres gestes pour clarifier la question du niqab, a-t-elle ajouté.