Le Québec n'est pas seul. La vaste majorité des écoles canadiennes ne consacrent pas de ressources aux enfants surdoués. Une exception: l'Alberta.

Il y a neuf ans, le ministère de l'Éducation de cette province a adopté une politique qui désigne les étudiants doués comme des élèves exigeant une approche pédagogique adaptée.

Les écoles publiques albertaines sont tenues d'offrir un «plan de cheminement particulier» à tous les élèves jouissant d'un quotient intellectuel de 130 ou plus. Ce cheminement peut être offert dans une école régulière, ou dans la douzaine d'écoles qui dispensent le programme GATE (Gifted and Talented Education).

Dans les deux cas, les écoles doivent permettre aux élèves qui manifestent des capacités intellectuelles nettement supérieures à la moyenne de recevoir un enseignement enrichi, d'être en contact avec des étudiants aussi doués qu'eux et d'approfondir leurs champs d'intérêt à travers des recherches qu'ils mènent de façon autonome.

«C'est mieux que ce que l'on trouve ailleurs au Canada, mais ce n'est pas encore assez», estime Janneke Frank, pédagogue albertaine qui a participé à la rédaction de la politique albertaine. Elle dirige, à l'Université de Calgary, l'unique centre de recherche canadien voué au phénomène de la douance.

Les grandes capacités intellectuelles ne sont pas toujours synonymes de réussite, souligne la spécialiste.

«Non seulement ces enfants pensent-ils autrement, mais ils ressentent les choses différemment de leurs pairs, dit Janneke Frank. Ils sont plus sensibles, plus perfectionnistes, plus intenses, plus survoltés, ou encore plus révoltés par les injustices.»

Pas évident à gérer dans une classe de 30 élèves! «Or, beaucoup de gens pensent qu'offrir des programmes spéciaux aux enfants surdoués, c'est comme accorder des déductions fiscales aux riches», déplore Mme Frank. Même en Alberta!