Des résidants d'Hochelaga-Maisonneuve protestent contre la volonté de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) de construire une coopérative d'habitation dans leur quartier. Selon les citoyens, il serait plus avisé d'aménager une cour d'école, un terrain de soccer ou un gymnase dans cet espace vert très convoité.

Le terrain en question se trouve en face de trois établissements de la CSDM: l'école primaire Notre-Dame-de-l'Assomption, l'école secondaire Le Vitrail et l'École des métiers de la construction.

 

Selon les plans de la CSDM, l'École des métiers de la construction sera bientôt déménagée dans le Plateau-Mont-Royal. L'espace ainsi dégagé servira à l'aménagement d'une cour pour l'école secondaire Le Vitrail.

Le terrain vague sera quant à lui vendu afin qu'y soit construite une coopérative d'habitation familiale, explique le commissaire scolaire responsable du dossier, Daniel Duranleau.

L'objectif de la CSDM est simple: en construisant des logements abordables, elle espère que des familles s'y installeront et que leurs enfants fréquenteront ses écoles. «L'école primaire est la plus petite de tout le quartier pour le nombre d'élèves, dit M. Duranleau. On veut des enfants dans le quartier. Il est légitime que la CSDM utilise ses outils pour contrer la baisse de la démographie scolaire.»

Selon M. Duranleau, il y a beaucoup de nouvelles constructions actuellement dans Hochelaga-Maisonneuve. «Mais ce sont souvent des condos, qui n'amènent pas vraiment d'enfants dans le quartier, dit-il. On veut des coopératives de familles, pour garder les enfants ici. On assiste à une baisse de la démographie depuis 2000. C'est cruel pour une école de quartier.»

La brigadière scolaire Lucille Tremblay, qui habite le quartier depuis 46 ans, n'est pas d'accord avec M. Duranleau. Selon elle, le terrain vague doit servir aux élèves et devenir un parc-école: «L'école Le Vitrail n'a pas de gymnase. Les ados, il faut les occuper! On pourrait bâtir un gymnase. On pourrait construire un terrain de soccer ou un parc. On a besoin d'espaces verts pour les enfants.»

Déjà, plus de 400 personnes ont signé la pétition qu'a préparée Mme Tremblay et demandent que le terrain vacant soit transformé en parc-école.

«L'école primaire manque d'élèves parce que les parents du quartier préfèrent envoyer leurs enfants ailleurs, commente Mme Tremblay. Si on avait un terrain de soccer ou un parc, là, on pourrait attirer réellement les élèves. On attirerait pas mal plus de gens avec de belles installations qu'en construisant une coopérative qui va amener seulement une dizaine de jeunes.»

M. Duranleau sait que certains groupes s'opposent à son projet de coopérative. «On veut entendre les craintes des gens. Mais il faut nous les adresser directement, dit-il. J'entends des citoyens qui sont inquiets. Mais je n'ai pas baissé les bras. Je sais que le projet est bon pour la mixité sociale.»

Mme Tremblay se présentera au prochain conseil des commissaires de la CSDM, qui aura lieu le 21 octobre, pour y présenter sa pétition. «On va leur montrer que ce n'est vraiment pas tout le monde qui appuie leur démarche!» dit-elle.