Plusieurs établissements scolaires du Québec craignent que les nouvelles règles budgétaires imposées par le gouvernement ne les empêchent dorénavant de mener à terme leurs projets spéciaux, dont d'importants travaux de rénovation. Car les nouvelles règles qu'a adoptées au printemps dernier le ministère de l'Éducation (MELS) changent radicalement la manière dont les écoles peuvent utiliser leurs surplus.

À l'école Notre-Dame-de-l'Assomption dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, certains parents craignent que leur cour d'école ne soit pas rénovée cette année comme prévu. C'est que les nouvelles règles budgétaires du gouvernement obligent maintenant les écoles à redonner leurs surplus budgétaires à leur commission scolaire, qui donne à son tour les surplus au gouvernement.

À l'école Notre-Dame-de-l'Assomption, des surplus budgétaires de 17 000$ avaient été réservés pour rénover la cour d'école, selon un parent engagé dans le dossier. Mais cette année, l'école a dû redonner les 17 000$ accumulés, ajoute le parent.

La directrice de l'école Notre-Dame-de-l'Assomption n'a pas rappelé La Presse. Le porte-parole de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Alain Perron, reconnaît que les nouvelles règles obligent les écoles à retourner leurs surplus. Il assure toutefois que tous les projets de rénovations de cours d'école auront lieu. «Au lieu d'être conservé à l'école, l'argent sera conservé au Conseil du Trésor. Cet argent appartient quand même à l'école. Oui, il est pris, mais pour être redonné», explique M. Perron.

Le président de l'Association montréalaise des directions d'établissements scolaires (AMDES), Gaétan Neault, affirme que «les gens ne savent pas sur quel pied danser» depuis l'adoption des nouvelles règles budgétaires. «On a des informations au compte-gouttes. On craint de ne plus voir la couleur des surplus», dit-il.

M. Neault explique que certaines écoles accumulent depuis des années leurs surplus pour mener un projet d'envergure. «Des fois, des équipes-écoles se sont serré la ceinture longtemps. La ministre de l'Éducation dit elle-même que chaque école est la mieux placée pour répondre aux besoins de ses élèves. Mais si on nous restreint trop, on ne sera plus capables de faire des projets spéciaux et de mobiliser notre monde», dit-il.

Le printemps dernier, la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) avait fait une sortie publique en disant justement craindre que l'argent accumulé par les écoles pendant des années ne soit perdu. «On trouve que c'est un signal négatif du gouvernement de ne pas nous laisser administrer nos surplus, dit la présidente de la FCSQ, Josée Bouchard. On avait prévenu que ça empêcherait la mise en place de certains projets.»

Le président de l'Association des directeurs généraux des commissions scolaires du Québec (ADIGECS), Serge Pelletier, affirme qu'avec les nouvelles directives, les commissions scolaires «n'ont pas le droit d'utiliser plus de 10% des surplus». «Et il faut s'entendre sur comment on utilise ces surplus», ajoute M. Pelletier.

Par exemple, si une commission scolaire avait 4 millions de surplus, elle doit maintenant n'en utiliser que 400 000$ pour des projets spéciaux. M. Pelletier précise que les nouvelles règles «changent les façons de travailler». «Il va falloir s'entendre sur la façon de dépenser les surplus. Mais dans la pratique, je ne pense pas que ça va changer tant de choses... Ça alourdit simplement le processus.»

Le ministère de l'Éducation n'a pas rappelé La Presse.