L'UQAM a franchi un pas important vers sa relance en adoptant un plan stratégique et un plan de retour à l'équilibre étalé sur sept ans. «L'ère de difficultés qui s'est ouverte avec la mise au jour de la dérive immobilière de l'UQAM est maintenant terminée», a assuré le recteur Claude Corbo, qui a reçu La Presse hier dans son bureau.

La situation n'est pas parfaite : le budget 2009-2010 de l'UQAM anticipe un déficit de 16,7 millions, supérieur de 6 millions à celui de cette année. «Sur un budget de 350 millions, c'est 5%», a nuancé le recteur. Une baisse des effectifs étudiants (recul de 435 étudiants équivalent temps plein), peut-être liée à la grève des professeurs qui a affecté l'université ce printemps, explique en partie ce déficit. Neuf millions devront aussi être déboursés pour couvrir la dette obligataire de 150 millions.

Quant au retour à l'équilibre, il n'est pas envisagé pour dans cinq ans, tel que demandé par Québec. Deux ans de plus sont nécessaires pour y arriver, a plaidé M. Corbo. «Une entreprise qui contrôle ses revenus peut les faire varier à la hausse et se rapprocher plus rapidement de l'équilibre, a-t-il dit. Si nous contrôlions les frais de scolarité, je ne dis pas qu'on les augmenterait, mais théoriquement ce serait possible.» Or, c'est Québec qui fixe les droits de scolarité et les subventions consenties aux universités.

Plus d'étudiants, plus d'argent

«Même si la chose apparaît paradoxale, pour arriver à l'équilibre il faut consentir des dépenses», a fait valoir le recteur. Le gouvernement l'a bien compris, selon lui, en finançant 135 nouveaux postes de professeurs ainsi que des hausses de salaire, lors de la signature de la convention collective des professeurs.

«On évalue à environ de 13 à 15 millions les revenus supplémentaires annuels générés» par ces mesures, d'ici trois ans, précise un document déposé au conseil d'administration de l'UQAM mercredi soir. Comment ? Plus de professeurs pourront encadrer plus d'étudiants - 1340 nouveaux aux cycles supérieurs par an, d'ici sept ans - qui généreront plus de revenus.

Vers la vente des résidences et stationnements?

L'UQAM s'est déjà serré la ceinture : une cinquantaine de programmes ont été fermés depuis 2000, de même qu'un bar et le magasin Bureauphile. Cinq édifices ont été vendus (bibliothèque Saint-Sulpice, ancien pavillon des sciences, édifice La Patrie, domaine de Mascouche et un autre édifice de la rue Sainte-Catherine) et le potentiel de vente des résidences, des stationnements et du centre écologique la Huardière, de Saint-Michel-des-Saints, est évalué.

Reste à boucler les négociations avec les 2400 employés-étudiants de l'UQAM, dont la convention collective est échue depuis le 31 mai 2008. «Nous sommes optimistes de parvenir à un règlement dans un avenir rapproché», a dit M. Corbo.

Déficit cumulé de 116 millions en 2015-2016

Enfin, quand le budget annuel de l'UQAM générera un surplus (de 1,5 million) en 2015-2016, il restera à s'attaquer au déficit cumulé. Il atteindra alors 116 millions. «Nous rejoindrons l'ensemble des universités québécoises, c'est un problème que nous ne sommes pas les seuls à avoir», a souligné le recteur.

«Nous sommes très heureux de recevoir le plan de redressement de l'UQAM, a commenté Kim Ledoux, attachée de presse de la ministre de l'Éducation. Nous constatons tout le travail fait par l'UQAM. Nous analyserons les documents et nous verrons les suites à lui donner.»