Plus de 80 enfants ne commenceront pas la maternelle à l'école de leur quartier en septembre, à Candiac sur la Rive-Sud de Montréal. Ils seront plutôt envoyés en bus... dans une petite école de Sainte-Catherine, neuf kilomètres plus loin. Le problème? Jean-Leman, l'établissement de leur quartier, est plein à craquer avec 830 élèves cette année, alors que sa capacité est de 750.

«Pour la prochaine rentrée, on a suffisamment de population pour remplir sept classes de maternelle à Jean-Leman», indique Marie-Louise Kernéïs, présidente de la commission scolaire des Grandes-Seigneuries. Or, il n'y a de place que pour deux, voire trois groupes.

 

Chantal Gratton a appris dans une lettre reçue le 14 mai que Camilia, sa fille de 4 ans, allait devoir changer d'établissement. «Il y a un bris de confiance: ma fille a toujours pensé que Jean-Leman serait son école, dit-elle. Mais ce qui vient me chercher davantage, c'est le manque de vision des autorités. Je me sens trahie de ne pas avoir de services de proximité: je n'ai pas de médecin, je n'ai pas eu de place en CPE avant que ma fille ait 4 ans, même si je me suis inscrite sur la liste d'attente à trois mois de grossesse. J'ai l'impression perpétuelle que les services n'ont pas vu venir la hausse du nombre d'enfants. Pourtant, on a toutes accouché dans les hôpitaux de la région!»

Candiac, qui comptait 11 000 habitants en 1995, en a maintenant près de 18 000. «Dans le secteur de Jean-Leman, ça construit beaucoup», explique Danielle Leggett, porte-parole de la ville de Candiac, qui reconnaît que l'école est surpeuplée. «De notre côté, les prévisions avaient été faites, on savait que ça s'en venait, dit-elle. Mais les gens de la commission scolaire sont plus sur les freins, ils ont moins envie de construire alors qu'ailleurs on ferme des écoles.»

Nouvelle école réclamée d'urgence

Au contraire, il y a quatre ans que la commission scolaire réclame une nouvelle école, selon Mme Kernéïs. Le ministère de l'Éducation a préféré financer - avec l'appui de la communauté - un agrandissement. Sept classes supplémentaires ont été inaugurées à Jean-Leman en 2006. «Dès l'année suivante, on a été obligés de changer des enfants d'école», note la présidente.

Aujourd'hui, la croissance est telle à Candiac et à Saint-Philippe que la construction d'un nouvel établissement est réclamée d'urgence. «Nous avons effectivement reçu une demande à cet effet, confirme Jean-Pascal Bernier, attaché de presse de la ministre de l'Éducation. Le Ministère en fait l'analyse.»

En attendant, «on a essayé de simplifier au maximum la vie des parents, d'avoir le moins d'impact possible tout en conservant le meilleur service aux enfants», assure Mme Kernéïs. Les familles continueront de reconduire tous leurs enfants au service de garde de l'école Jean-Leman - fréquenté par 89% des élèves de maternelle. Ce n'est qu'au moment de la classe que les petits prendront un bus pour Sainte-Catherine, où ils trouveront des installations prévues pour eux (petites toilettes, petits lavabos, etc.). Les pauvres devront donc se familiariser avec deux écoles, dénoncent des parents qui font circuler une lettre ouverte s'opposant à cette décision.

«Quand on a sélectionné ce quartier, c'était pour la jeunesse des voisins - ça grouille d'enfants, ici - et pour la proximité des écoles, souligne Chantal Gratton. On n'espère pas la construction d'une nouvelle école, on l'exige.»