Le nouveau cours d'histoire et éducation à la citoyenneté, de 3e et 4e secondaire, occulte tout récit national, dénonce une étude de Charles-Philippe Courtois, de l'Institut de recherche sur le Québec.

On n'y fait nulle part mention de René Lévesque ou de l'affirmation nationale qui a caractérisé la Révolution tranquille, rapporte l'historien. Dans le module sur la Nouvelle-France, seule une note de bas de page mentionne qu'une «importante proportion des francophones québécois actuels sont des descendants des premiers colons», précise-t-il. «Jusqu'où va ce cours-là dans la volonté de dénationaliser l'histoire du Québec, ça m'a étonné, a dit hier à La Presse M. Courtois. Ça ne correspond au programme d'aucun parti à Québec, c'est dépourvu de légitimité démocratique.»

Déjà fortement critiqué en 2006, le cours qui remplace l'Histoire du Québec et du Canada a depuis été modifié par le ministère de l'Éducation. «Des changements cosmétiques», a jugé l'historien. «On en arrive à un paradoxe: on cite le fait qu'il y a eu des référendums en 1980 et en 1995, mais il est absolument impossible de savoir pourquoi, a-t-il illustré. Ou de comprendre pourquoi des gens étaient dans le camp du OUI, d'autres dans celui du NON.»

L'axe central du nouveau programme est... le multiculturalisme canadien, selon M. Courtois. «Ce ne sont plus les enfants issus de l'immigration qu'il faut intégrer à la nation, dans la logique du programme, mais l'inverse», écrit-il dans Le nouveau cours d'histoire du Québec au secondaire: l'école québécoise au service du multiculturalisme canadien?

Trois compétences sont évaluées dans ce cours: «interroger les réalités sociales dans une perspective historique», «interpréter les réalités sociales à l'aide de la méthode historique» et «consolider l'exercice de sa citoyenneté à l'aide de l'histoire».

Appui de la Société des professeurs d'histoire

M. Courtois «a notre appui», a indiqué Félix Bouvier, vice-président de la Société des professeurs d'histoire du Québec (SPHQ) et professeur à l'UQTR. La Société a voté unanimement une résolution demandant «que la question de la place du Québec dans le Canada et ses différents points de vue» soit rendue «beaucoup plus visible dans ce programme».

«On a dénationalisé l'ensemble de l'histoire nationale, ce qui en soi est une aberration et en soi est inacceptable», a précisé M. Bouvier, qui ne remet toutefois pas en question l'approche par compétence.

Enseigné depuis l'an dernier, le nouveau programme d'histoire devrait être retiré des classes, d'après M. Courtois. «Il vaudrait mieux revenir à l'ancien programme consensuel de 1982», qui avait l'aval des souverainistes comme des fédéralistes, a-t-il fait valoir.