Les centres jeunesse Batshaw, équivalent anglophone de la DPJ, ont envoyé des jeunes au pensionnat juif hassidique illégal de Napierville dont La Presse a révélé l'existence hier. Même si cette école qui rééduque les adolescents en difficulté n'est pas reconnue par le gouvernement et offre un programme quasi exclusivement religieux.

«Ça nous est arrivé à quelques reprises, pour de brèves périodes», a confirmé hier Gérald Savoie, conseiller cadre à la direction générale des Centres jeunesse Batshaw.

 

Normalement, les enfants ne sont référés qu'aux établissements reconnus et accrédités, a-t-il dit. «Mais on a développé une certaine flexibilité pour être en mesure de répondre aux besoins des jeunes qui proviennent d'un milieu juif orthodoxe, où il y a une grande rigidité par rapport à ce à quoi les jeunes peuvent être exposés. Sans ça, ils sont vus comme étant contaminés.»

Au moins deux adolescents ont été envoyés à la yeshiva Or Menachem de Napierville par les centres Batshaw. «Ça a aidé à ce que le jeune revienne à des comportements plus acceptables», a indiqué M. Savoie.

Il reste que la yeshiva enseigne peu les matières de base (seulement de l'anglais, de l'histoire et des maths trois après-midi par semaine), à des garçons qui sont pourtant en âge de fréquenter obligatoirement l'école.

Aucun organisme n'existe à Montréal pour aider les hassidim jeunes ou adultes qui voudraient quitter leur communauté. «Il n'y en a aucun à notre connaissance», a dit Daniel Amar, directeur du Congrès juif québécois.

Exemption d'impôt foncier

La Presse a appris que le pensionnat Or Menachem s'est battu avec la municipalité de Saint-Cyprien-de-Napierville pour ne pas payer d'impôt foncier. À l'unanimité, les conseillers ont d'abord rejeté la demande d'exemption d'impôt foncier en janvier 2007, faisant valoir que «le Conseil refuse de donner son appui à un organisme qui ne respecte pas les règles prescrites par la loi».

La municipalité a perdu sa cause devant la Commission municipale du Québec, le 1er mai 2007. Seuls deux logements occupés par des apprentis rabbins et des visiteurs - équivalent à environ 20% de la propriété - sont toujours imposés.

La yeshiva Or Menachem aide des élèves en difficulté dans un but non lucratif, ce qui la rend admissible à une exemption d'impôt foncier, a décidé la Commission.

Tendance new-yorkaise

Saint-Cyprien-de-Napierville a, par ailleurs, reçu des plaintes des voisins de la yeshiva, en raison d'ordures qui s'accumulent. «On est en train d'essayer de régler le problème avec eux, ils sont censés s'équiper d'un conteneur, a dit Nancy Trottier, directrice générale de la municipalité. Ils semblent être des gens conciliants, c'est juste que des fois, c'est long avant qu'ils se plient.»

Le rabbin Yehuda Dahan, fondateur de l'école Or Menachem, a dit la semaine dernière qu'il venait de rentrer des vacances de la Pâque juive et qu'il n'avait pas eu le temps de nettoyer le terrain après la fonte des neiges. «Les voisins sont très gentils», a-t-il ajouté.

Quant à l'arrivée d'hassidim à Napierville, à 45 minutes au sud de Montréal, «peut-être que ça annonce une expansion éventuelle», a observé Pierre Anctil, spécialiste des hassidim à l'Université d'Ottawa.

Chez les communautés juives hassidiques de New York, la tendance récente consiste «à sortir à une heure ou deux de la ville et à investir des villages, où ils deviennent la majorité assez rapidement», a-t-il indiqué.