Pour inciter les écoles privées à accueillir les élèves en difficulté, le ministère de l'Éducation a offert une nouvelle subvention, l'an dernier. «Pour être admissible, un établissement doit admettre au moins 10% d'élèves en retard scolaire à l'entrée au secondaire», indique Stéphanie Tremblay, porte-parole du Ministère. Parce qu'ils ont redoublé, ces élèves ont 13 ans en entrant au secondaire, plutôt que 12 ans.

Les écoles privées ne se bousculent pas pour recevoir ces élèves jugés plus faibles: seules 35 touchent cette subvention cette année, sur un total de 273 collèges privés au Québec. L'an dernier, c'était à peine mieux, avec 43 écoles privées bénéficiant de cette mesure.

 

Résultat: seulement 715 000$ ont été versés en 2008-2009, faute d'intérêt, alors qu'un million est disponible.

«L'objectif, c'est de rendre les écoles privées plus responsables des élèves qui ont des difficultés, dit Pierre Duclos, directeur de l'école Saint-Joseph. C'est de faire que des projets comme le nôtre puissent essaimer.»

Ça ne s'est pas réalisé jusqu'à maintenant. Auguste Servant, directeur des communications de la Fédération des établissements d'enseignement privé, fait valoir que le réseau a besoin de temps.

Les écoles privées en réflexion

«Cette mesure cherchait d'abord et avant tout à permettre aux établissements qui accueillaient déjà des jeunes en retard scolaire à embaucher du personnel spécialisé pour mieux accompagner ces jeunes, plaide-t-il. C'est tout nouveau dans notre réseau et c'est une certaine culture à développer.»

Si huit écoles privées en moins, cette année, ont au minimum 10% d'élèves en retard, ce n'est rien de marquant, selon lui. Le Ministère se base sur la moyenne des trois dernières années, et quelques élèves en retard de moins peuvent disqualifier soudainement une école, explique-t-il.

Il reste que «la Fédération se questionne de plus en plus sur la contribution du privé à la persévérance scolaire, et interpelle de plus en plus ses établissements membres à contribuer à la réussite du plus grand nombre», assure M. Servant. Déjà, le privé lutte contre le décrochage avec ses résidences, ses programmes spéciaux, ses «milieux de vie qui développent le sentiment d'appartenance donc la rétention», énumère-t-il.

«Peut-on en faire davantage? demande le porte-parole des écoles privées. C'est à ce type de réflexion que nos membres seront conviés.»