blank_pageQuébec investira 25 millions de dollars au cours des cinq prochaines années pour lutter contre le décrochage scolaire. Il s'agit d'une première réponse du gouvernement au rapport Ménard, publié il y a 10 jours, qui recommande d'investir entre 35 et 240 millions annuellement pour s'attaquer efficacement au problème.

La Fondation Lucie et André Chagnon doublera cette somme en a llouant une enveloppe équivalente de 25 millions. Au total, ce sont donc 10 millions qui seront ajoutés l'an prochain aux quelque 900 millions déjà investis par Québec dans divers programmes d'abandon scolaire.«C'est une mesure qui s'inscrit parmi plusieurs autres que nous avons mises en place depuis de nombreuses années et auxquelles on en ajoutera d'autres «, a promis hier le premier ministre Jean Charest quand on lui a souligné en conférence de presse l'écart important entre cet investissement et ceux recommandés par le rapport Ménard.

Cette nouvelle enveloppe sera répartie dans les régions afin favoriser la mise en place de projets mieux adaptés aux besoins qu'un programme provincial. Les régions seront appelées à s'inspirer du modèle à succès instauré au SaguenayLac-Saint-Jean de manière à mobiliser toute la population élus et gens d'affaires inclus dans la lutte contre le décrochage scolaire.

Mais Jean Charest veut surtout faire en sorte que les parents soient plus sensibles au problème. «Si les parents n'assument pas cette responsabilité d'encourager leur enfant à aller à l'école, personne ne peut le faire à leur place de la même façon», a-t-il lancé hier.

Or, cette affirmation a fait bondir la Fédération des comités de parents du Québec, qui n'avait pas été conviée à la conférence de presse. « Ils ont invité les représentants des commissions scolaires, mais pas des parents. C'est malheureux qu'on nous ait oubliés», a déclaré le vice-président de la Fédération, François Paquette. La Fédération craint d'y voir un signe que les parents ne seront pas mis à contribution dans la conception des programmes. «On a pourtant commencé dès la semaine dernière à travailler sur les suites à donner au rapport Ménard, et la lutte contre le décrochage scolaire nous mobilise depuis très longtemps. On a une expertise à partager», a-t-il relevé.

Stratégie jeunesse

Ce nouveau programme de lutte contre le décrochage est l'une des mesures phares de la nouvelle stratégie jeunesse 2009-2014 dévoilée hier. Dotée d'un budget de 250 millions sur cinq ans, la stratégie prévoit essentiellement la prolongation de programmes déjà dans la stratégie jeunesse 2006-2009.

Une bonification de 50 millions de dollars en cinq ans permettra toutefois à quelques initiatives de voir le jour. Québec ajoutera par exemple 1,5 million pour accroître le nombre de stages à l'étranger pour les étudiants du cégep et de l'université et investira 4,5 millions dans un programme pour les « familles négligentes ayant des enfants de 0 à 12 ans».

La Fédération des comités de parents, la Fédération des cégeps et la Centrale des syndicats du Québec ont toutes déploré le peu d'argent frais dégagé pour la création de nouveaux programmes. La CSQ a même accusé Québec de se décharger de ses responsabil ités sur le privé la Fondation Lucie et André Chagnon pour s'attaquer aux problèmes sociaux.

À l'inverse, le président du Groupe d'action sur la persévérance et la réussite scolaires, Jacques Ménard, s'est réjoui de l'annonce : «C'est un pas important vers l'atteinte de notre objectif, qui est d'accroître de 70% à 80% d'ici à 2020 le taux d'obtention du diplôme d'études secondaires ou de l'équivalent», a-t-il soul igné. Un enthousiasme partagé par d'autres organismes, dont la Fédération des commissions scolaires et le Regroupement des instances régionales de concertation sur la persévérance scolaire et la réussite éducative.

La Fédération étudiante universitaire du Québec s'est montrée soulagée que la stratégie ait été reconduite en dépit de la crise économique.