Quelques centaines d'enseignants, d'employés de soutien et d'étudiants sont descendu dans la rue pour réclamer un financement public adéquat pour l'UQAM.

Les manifestants réclament l'équité salariale avec les autres institutions universitaires canadiennes et l'embauche de 300 nouveaux enseignants. Profitant du climat printanier, les participants sont venus nombreux, armés de pancartes, trompettes et gazous.

Les professeurs ont décrété une semaine de grève pour faire valoir leurs revendications. Des étudiants solidaires ont aussi fait relâche pour prendre part à la manifestation.

La convention collective des enseignants est échue depuis 2007. «La grève est le seul moyen de faire pression. Les étudiants comprennent et partagent nos enjeux, ils souffrent aussi du manque d'enseignants», explique Gaby Hsab, gréviste et professeur.

Le cortège gonflé à bloc se dirige présentement vers les bureaux montréalais de Jean Charest, où culminera cette manifestation.

«On veut des emplois de qualité, on est tannés d'être surchargés!», «L'UQAM c'est qui? C'est nous!», scandent les manifestants, qui se dirigent vers les bureaux du premier ministre, rue McGill Collège. L'événement se déroule sous escorte policière et les automobilistes sont invités à éviter le secteur. Plusieurs rues sont fermées. Des percussionnistes ouvrent la marche des manifestants.

Syndicaliste bien connu et enseignant en travail social, Gérald Larose a joint sa voix à celle des manifestants. «Le syndicat des professeurs n'est pas en train de faire des demandes à l'administration, il est en rattrapage», explique-t-il.

Un des porte-parole du mouvement a de son côté dénoncé la «McDonalisation de l'enseignement supérieur». «Nos diplômes ne sont pas des papiers commerciaux, on dit non à la privatisation de l'UQAM, non au coup d'État!», martèle Roland Côté, le président du syndicat des employés de soutien. «On pense que la communauté de l'UQAM ne doit pas faire les frais des dérives immobilières de l'institution», souligne pour sa part le président du Syndicat des employés étudiants, Éric Demers, faisant référence au fiasco de l'îlot Voyageur. «On est en train de démolir un des bijoux de la Révolution tranquille», ajoute M. Demers.

Pour les étudiants rencontrés, le réinvestissement dans l'université est crucial et urgent. «Ce n'est pas une question de salaire, mais d'équité. Sinon, on aura du mal à attirer des nouveaux profs compétents», croit Jérôme Baril, un étudiant en arts.En plus de l'embauche de personnel, les 980 professeurs de l'UQAM réclament un rattrapage salarial de 11,6% sur trois ans.

Ils se sont prononcés en faveur d'un débrayage d'une semaine dans l'espoir de ramener la direction à la table de négociations. Celle-ci attendait d'abord la remise d'une étude de la firme Aon portant sur les conditions de travail dans l'ensemble des universités québécoises avant de se prononcer.

L'UQAM prévoit un déficit de 10 millions de dollars pour 2008-2009. Les grévistes se rencontreront demain en assemblée générale pour discuter des actions à venir.

À l'heure actuelle, les activités de l'université ne sont pas paralysées complètement, puisque les chargés de cours maintiennent 60% des cours offerts.

Les employés en grève ont reçu une proposition de l'employeur, qu'ils évalueront demain lors de l'assemblée générale. La présidente du syndicat des enseignants, Michèle Nevert n'a pas voulu en dévoiler la teneur pour l'instant.

Si le conflit persiste, la session pourrait être en péril, prévient-elle.

«On ne le souhaite pas, mais très peu de cours sont donnés pour le moment et plusieurs chargés de cours et étudiants refusent de franchir les piquets de grève», explique Mme Nevert.