Niché au pied des monts Chic-Chocs, dans le Bas-Saint-Laurent, le village de Saint-Jean-de-Cherbourg a reçu une bien mauvaise nouvelle: son école fermera à la fin de l'année scolaire. «L'école, c'est le coeur du village, dit Jocelyn Bergeron, son maire. Quand les enfants grouillent, c'est la vie.»

À l'école de Saint-Jean-de-Cherbourg, il n'y avait plus que 7 enfants, qui devront faire près de 20 km pour aller étudier à Saint-Adelme, voire 45 km pour gagner Matane. «On n'a pas la crainte que des gens partent parce qu'on n'aura plus d'école, mais celle de ne pas pouvoir en ramener d'autres», indique M. Bergeron, dont le village compte 224 habitants.

 

Le Québec a beaucoup de petits établissements: 600 écoles accueillent 100 élèves ou moins. Environ 175 écoles comptent un maximum de 50 jeunes, dont le tiers en ont 25 à tout casser.

«Dans bien des villages, on a fermé les bureaux de poste, les caisses pop, les services de proximité comme le dépanneur, l'essence, les restaurants et on est rendu avec un curé pour six paroisses. Là, il reste l'école», dit Suzanne Tremblay, ex-députée et présidente de la Coalition urgence rurale du Bas-Saint-Laurent. Son organisme a tenu un colloque sur les écoles en novembre, attirant une centaine de personnes.

Pas à n'importe quel prix

«On veut maintenir les écoles ouvertes le plus possible, mais pas à n'importe quel prix, explique-t-elle. Il faut qu'on s'assure que les élèves ont un enseignement de qualité et qu'ils ont aussi, au plan social, des interactions avec des enfants qui ne sont pas leurs frères et soeurs.»

Des solutions sont proposées par les communautés pour garder les écoles ouvertes. «Par exemple, la municipalité va enlever la neige l'hiver, faire les pelouses l'été», ce qui réduit les dépenses des commissions scolaires, indique Mme Tremblay. Les parents demandent quant à eux un service de garde et de dîner à l'école du village. Sans cela, «ils s'en viennent travailler à Rimouski et ils emmènent leurs enfants avec eux», dit-elle. Est-ce faisable? «Ça va s'organiser», assure-t-elle.

À Saint-Jean-de-Cherbourg, le maire garde un petit espoir de voir renaître son école. «C'est triste, mais on se débat, dit-il. On est un des plus beaux villages qu'il n'y a pas dans la région de Matane. On est près des montagnes, le spectacle est féerique. Ce n'est pas interdit de venir nous voir!»