Les partis politiques doivent s'engager à «tirer définitivement sur la plogue» de la réforme de l'éducation, selon ce qu'a demandé mercredi la coalition Stoppons la réforme. Dès le lendemain des élections, il faudra mieux aider les élèves en difficulté, revenir à l'enseignement des connaissances et laisser aux enseignants le choix de leurs méthodes pédagogiques, ont martelé les membres de la coalition.

«Il n'y a pas juste l'économie ; c'est l'éducation qui devrait être au coeur des débats», a dit Pierre St-Germain, président de la Fédération autonome de l'enseignement. «Le renouveau pédagogique a fait perdre 10 ans au Québec», a ajouté Éric Bédard, historien à TELUQ.

Oui, la ministre sortante de l'Éducation, Michelle Courchesne, est revenue aux bulletins chiffrés, a publié un nouveau programme de français et a ouvert la profession enseignante aux spécialistes d'une discipline. «Mais on retrouve toujours dans les documents ministériels la même purée socioconstructiviste, a dénoncé M. St-Germain. Le travail de correction en profondeur de la réforme est inachevé.»

Faire revenir les cours d'histoire

L'histoire, par exemple, n'est plus une matière étudiée en elle-même. Elle a été remplacée par un cours « d'univers social » portant aussi sur la géographie et l'éducation à la citoyenneté. Une erreur, selon Robert Comeau, historien et professeur à l'UQAM. « Il faut revenir à un enseignement de l'histoire axé sur les connaissances, sans tomber dans l'encyclopédisme et sans multiplier les anachronismes », a-t-il souhaité. Présentement, les profs d'histoire sont forcés de parler d'actualité, quitte à lier la révolution industrielle au développement des éoliennes en Gaspésie, a-t-il illustré.

Sans avoir eu de cours d'histoire du 18e, 19e et 20e siècles, la fille d'Anne-Catherine Lafaille a dû comparer la colonisation du Congo par la Belgique à l'invasion américaine en Irak lors d'un examen, en juin dernier. L'adolescente était en fin de deuxième secondaire. «Elle n'avait lu qu'un texte sur le Congo, a déploré sa mère, membre de la coalition. Ça n'a aucun sens.»

L'ADQ et le PLQ vont dans le bon sens

Les membres de la coalition ont salué l'annonce de l'embauche de 2400 enseignants supplémentaires, annoncée par la ministre Courchesne. Mais à condition qu'on ne «les prépare pas de la même façon qu'on le fait actuellement», en axant leur formation sur les compétences, a fait valoir Gérald Boutin, professeur en éducation à l'UQAM.

Quant à savoir pour qui ils voteront, ces critiques ont dit apprécier la volte-face du chef de l'Action démocratique Mario Dumont, qui vient de se prononcer contre la réforme. «Le Parti libéral, depuis 18 mois, est aussi à pied d'oeuvre» pour corriger la réforme, a souligné M. St-Germain. Seul le Parti québécois, qui «maintien une ligne de défense de la réforme» n'obtient pas grâce à leurs yeux.