Le Québec compte toujours qu'Ottawa rétablisse le financement de l'enseignement postsecondaire à son niveau des années 90. Mais durant cette période de «turbulences» économiques, Jean Charest ne veut pas creuser le déficit fédéral.

Les demandes financières du Québec «se basent sur un principe d'équité», a-t-il prévenu hier à la clôture de la réunion du Conseil de la fédération, tenue à Montréal. «On ne veut pas envoyer quiconque en déficit», a-t-il précisé. Pour lui, les demandes exprimées par Québec en campagne électorale «restent intactes», mais elles ont été faites «dans une perspective qui n'est pas à court terme».

Tout juste élu, le premier ministre Stephen Harper peut clairement compter sur une trêve avec les provinces, en cette période de crise financière.

«La tempête s'en vient, elle sera peut-être plus profonde que les autres. Il ne sert à rien d'enrober tout cela de sucre», a lancé Danny Williams, premier ministre de Terre-Neuve. Pas question cette fois de sortir l'artillerie lourde contre Ottawa - durant toute la campagne électorale, M. Williams avait vertement dénoncé le gouvernement Harper.

Hier, il était bien plus conciliant. En cette période de difficultés économiques, «le public ne supporterait pas qu'on ait une attitude partisane», Ottawa peut tenir pour acquis que les discussions avec les provinces «se feront sur un ton correct», ont promis M. Williams et son collègue manitobain, Gary Doer.

«Nous sommes très engagés à travailler avec le gouvernement fédéral. Il n'y a pas ici de mode d'affrontement avec Ottawa. Tout le monde sent qu'il faut agir rapidement et l'enjeu transcende les partis politiques», a observé Jean Charest.

Les chefs de gouvernement provincial ont demandé à leurs ministres de travailler avec leurs homologues fédéraux. Avec Ottawa, «la conférence ne sera pas un simple tour de table», a soutenu hier M. Charest, qui présidait hier la réunion.

Pour le Québec, l'économie canadienne est établie sur des bases plus solides que celle des États-Unis, mais parce qu'elle est aussi des plus ouvertes, elle ne sera pas à l'abri des secousses internationales. «L'économie est clairement internationale, l'industrie forestière aura une longue crise à cause de la construction aux États-Unis. La volatilité et l'incertitude sont globales. Il faut penser comme un pays, on ne peut plus balkaniser le Canada», a soutenu Gordon Campbell, de la Colombie-Britannique.