Vous voulez être médecin? Vous devrez payer. Mais écrivain? Alors, gardez vos sous: vous pourriez en avoir besoin plus tard. Une nouvelle étude obtenue par La Presse suggère que les droits de scolarité à l'université devraient varier en fonction des programmes d'études. Cette réforme permettrait de corriger en partie le sous-financement chronique des établissements postsecondaires de la province, sans compromettre l'accessibilité aux études.

L'Institut économique de Montréal propose que les étudiants paient à partir de 2017 l'équivalent de 40% des coûts réels de leur formation. Ce sont donc les étudiants dont le domaine de formation nécessite des équipements de pointe ou des ressources humaines plus importantes qui verraient leur facture augmenter de la façon la plus marquée. Elle passerait de 1768$ à 10 760$ par trimestre pour un futur vétérinaire formé à l'Université de Montréal. À l'opposé, la facture d'un étudiant au baccalauréat en lettres serait réduite de 81$. À l'heure actuelle, les étudiants reçoivent tous la même facture, à quelques dollars près, même s'il coûte beaucoup plus cher de former un médecin qu'un avocat. Cette formule permettrait aux universités d'empocher 110 millions par année.

Des études ont déjà démontré qu'il y a un lien direct entre la hausse des droits de scolarité et la baisse de la fréquentation universitaire. L'auteur de l'étude, Mathieu Laberge, affirme que ces liens ne s'appliquent pas en l'occurrence. «Près de la moitié des étudiants ne verront aucun changement à leur facture.» Quant aux autres, dit-il, ils seront amplement compensés par les salaires plus généreux associés à leur profession. «Les Québécois doivent prendre conscience du lien entre le coût et le rendement des études. La médecine aura un coût important, mais elle offre aussi un meilleur retour sur l'investissement.»

Les problèmes de liquidité des étudiants seraient compensés par la mise en place d'un système de remboursement proportionnel au revenu, qui leur permettrait de ne payer leurs droits de scolarité qu'à la toute fin de leurs études et en fonction de leur salaire.

M. Laberge propose que cette réforme entre progressivement en vigueur à partir de 2012. «C'est encore loin, mais il faut dès maintenant préparer le terrain; le statu quo n'est pas acceptable. Les universités québécoises accusent par rapport à leurs voisines du Canada et des États-Unis un sérieux retard en matière de financement, qui nuit à leur crédibilité sur la scène internationale.»

Dans ces conditions, M. Laberge suggère même que les universités soient complètement libres de fixer leurs droits de scolarité après 2017 en fonction de la loi de l'offre et de la demande. Cette ouverture à la concurrence, qui s'attirera certainement les critiques des fédérations universitaires, permettrait aux universités d'augmenter à leur guise les droits de leurs programmes les mieux cotés, de façon à mieux financer les services offerts à tous les étudiants.