Dans une volonté affirmée de «tourner la page sur l'épisode le plus sombre» de l'UQAM, Québec accepte d'éponger la dette de 180 millions du projet du Complexe des sciences. Avec les 200 millions qu'a également coûtés le chantier - toujours abandonné - de l'îlot Voyageur, ce sont près de 400 millions qu'a dû verser jusqu'ici le gouvernement pour sortir l'UQAM du pétrin financier.

La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, s'est dite «soulagée» hier de l'entente avec la direction de l'UQAM et son conseil d'administration. La situation financière reste «préoccupante», a-t-elle souligné, mais les efforts déployés jusqu'ici par le recteur Claude Corbo et le conseil d'administration pour redresser la barre justifient l'engagement de Québec.

 

Les nouveaux millions vont enlever «un poids énorme dans le financement de l'université, puisqu'elle a un taux d'endettement très élevé, a dit la ministre Courchesne. Ce taux d'endettement se traduit par des taux d'intérêts à verser annuellement qui pèsent très lourd sur son budget de fonctionnement.» Ces intérêts ont été évalués à 56 000$ par jour et menaçaient de plonger l'UQAM dans un gouffre financier de plus d'un demi-milliard d'ici 2012.

L'aide est conditionnelle à ce que l'UQAM atteigne l'équilibre budgétaire d'ici 2013-2014. Le conseil d'administration s'y est engagé hier, et le recteur Corbo n'a pas douté une seconde qu'il y parviendrait. «L'UQAM était en équilibre budgétaire au début des années 2000», a-t-il dit. Pour l'exercice 2008-2009, le déficit est d'un million de dollars, sans les frais financiers évalués à 19 millions avant que Québec n'éponge la dette de 180 millions.

Îlot à vendre

Le règlement du dossier à ce moment-ci n'a «rien à voir» avec une volonté de faire le ménage avant des élections provinciales, a affirmé la ministre Courchesne. C'est plutôt le temps qu'il aura fallu pour obtenir de la direction de l'UQAM l'assurance qu'elle allait gérer son budget avec rigueur, a-t-elle répété.

Le chantier de l'îlot Voyageur, qui devait accueillir des résidences et des locaux pour l'Université en plus de la nouvelle gare d'autobus, reste désert. L'UQAM est toujours liée juridiquement au promoteur Busac, mais le gouvernement est présentement en négociations pour trouver un promoteur qui reprendra le projet, sans l'UQAM.

Le recteur Claude Corbo a également indiqué que «l'Université a demandé à ses conseillers juridiques d'examiner toutes les bases juridiques de recours civil possible» contre les responsables du fiasco financier.

Le vérificateur général du Québec, dans un rapport publié en juin, a notamment identifié trois anciens dirigeants de l'UQAM - l'ancien recteur Roch Denis, l'ancien vice-recteur Mauro Malservisi et l'ancien directeur des investissements, Nicolas Buono - pour leur mauvaise gestion des projets immobiliers. La Sûreté du Québec mène une enquête criminelle dans ce dossier.

D'autres subventions débloquées

Avec la résolution de l'Université d'atteindre l'équilibre budgétaire, le ministère accepte de verser à l'UQAM le reste des 85 millions de subventions conditionnelles qu'il retenait. Le mois dernier, Claude Corbo avait dénoncé cette pratique qui «a pour effet de creuser davantage les difficultés financières» des universités.

Michelle Courchesne a reconnu hier que la mesure «n'était pas le meilleur outil» pour forcer les universités à atteindre l'équilibre budgétaire et qu'il fallait en trouver un autre.