Il y a maintenant 36 600 élèves nés à l'étranger dans les écoles publiques de l'île de Montréal, un record. Avec les jeunes nés ici, mais dont un ou deux parents sont immigrés, ils forment la majorité. Et cela se passe bien dans la grande majorité des cas.

Le nombre d'élèves nés à l'étranger est en hausse dans les écoles publiques de l'île de Montréal: il a atteint 20% en 2007, selon un rapport du Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal. De 2001 à 2005, ce taux était de 17%.

 

Près de 36 000 élèves sont nés à l'étranger, dans 200 pays différents. Le plus commun est l'Algérie, suivi d'Haïti, de la Chine, du Maroc, des États-Unis et du Mexique. On trouve aussi des lieux d'origine plus exotiques, comme le Kazakhstan, Djibouti ou les îles Carolines.

Cette tendance «est normale, puisqu'on se bat pour augmenter nos taux d'immigration et qu'environ 20% des immigrés ont des enfants d'âge scolaire», observe Marie McAndrew, titulaire de la chaire sur l'éducation et les rapports ethniques à l'Université de Montréal.

Désormais, 40% des élèves des écoles publiques de l'île sont nés au Québec de parents également nés ici. Les autres sont nés ailleurs (20%), nés ici de deux parents arrivés de l'étranger (23%) ou d'un seul parent étranger (10%), ou encore proviennent du reste du Canada.

Conséquence logique, la proportion d'élèves dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais «a augmenté de façon constante de 1998 à 2007» pour atteindre près de 40%, lit-on dans le rapport. «Les autres langues sont en voie d'égaler le français au chapitre de la langue maternelle», y est-il précisé. Le phénomène touche presque également les commissions scolaires de Montréal (45% d'élèves allophones), English-Montréal (44%) et Marguerite-Bourgeoys (42%).

L'arabe détrône l'espagnol

L'arabe est désormais au troisième rang des langues maternelles les plus courantes après le français et l'anglais, détrônant l'espagnol. Viennent ensuite l'italien, le créole, le chinois, le tamoul, le vietnamien, le bengali et le tagal. Fait à noter, le nombre d'élèves qui parlent une langue autre que le français ou l'anglais à la maison progresse lui aussi, pour atteindre 26%.

Malheureusement, plus l'immigration de sa famille est récente, plus un élève est susceptible de résider dans une zone défavorisée. Près de la moitié (47%) des élèves nés à l'étranger vivent dans une telle zone, selon le Conseil. À titre de comparaison, les jeunes nés au Québec de parents également nés ici ne sont que 21% dans ce cas.

Ces données servent «quotidiennement» à la Commission scolaire de Montréal «pour avoir le portrait de chacune de nos écoles», dit Alain Perron, son porte-parole. «On a pu s'apercevoir que l'est de la commission scolaire est de plus en plus arabophone et réajuster nos services en fonction de cette réalité», illustre-t-il.

Effets négatifs possibles

Mais quel est l'impact de cette diversité grandissante? «Je vous donne un petit scoop: selon nos études non encore publiées, il n'y a pas de gros impact de la concentration ethnique sur la réussite scolaire», indique Marie McAndrew, qui organise dès demain à Montréal un colloque international sur la prise en compte de la diversité à l'école publique.

Des effets négatifs apparaissent quand la concentration ethnique est très forte, «à 75% et plus», précise la spécialiste. Or, 49 écoles de l'île comptent 75% ou plus d'élèves nés à l'étranger ou nés ici de deux parents venus d'ailleurs. La palme revient à l'école primaire Hébert, à Saint-Laurent, avec 100% d'élèves issus d'autres cultures.

Toutes ne font pas face aux mêmes défis. Les écoles de Côte-des-Neiges et de Parc-Extension reçoivent les élèves à peine débarqués de l'avion. «Ça demande beaucoup d'énergie aux enseignants, mais ça se passe relativement bien», observe Mme McAndrew. Rapidement, les familles s'intègrent, déménagent et sont remplacées par une autre vague migratoire.

Ce qui est plus problématique, c'est ce qu'elle appelle «le syndrome Montréal-Nord». Ces écoles «ont des concentrations d'élèves immigrés de deuxième génération, pauvres, qui ne réussissent pas et qui restent longtemps dans les mêmes quartiers, énumère la spécialiste. Ça, c'est très lourd.»

 

Parlez-vous le twi?

Près de 200 élèves de l'île de Montréal parlent le twi à la maison, une langue du Ghana. Les élèves parlent de nombreuses autres langues exotiques, comme le tigré, l'ilocano, le tshiluba, le shona, le télugu, le loucheux, le kabarde, le luo, le chilcotin, le bochiman ou le madurais.

 

Moins d'allophones dans les écoles anglos

Les élèves venus d'ailleurs sont en croissance partout... sauf dans les écoles anglophones. Seuls 5% des élèves de la Commission scolaire English-Montréal - et 2,3% de ceux de Lester-B.-Pearson - sont nés hors Québec. Normal, puisque la loi 101 oblige les immigrés à inscrire leurs enfants à l'école francophone.

Il y a tout de même plusieurs élèves dont la langue maternelle n'est pas l'anglais, ni le français: 44% à English-Montréal et 12,5% à Lester-B.-Pearson. Près de la moitié parlent toutefois anglais à la maison plutôt que leur langue d'origine, une proportion d'intégration linguistique plus importante que dans les commissions scolaires francophones.

 

LANGUES PARLÉES À LA MAISON

Par les élèves du secteur public dans l'île de Montréal

PAYS OU PROVINCE / NOMBRE D'ÉLÈVES

1. Français (47,6%) 88 900

2. Anglais (26,9%) 50 300

3. Espagnol (4,7%) 8900

4. Arabe (4,3%) 8000

5. Chinois (2,0%) 3800

6. Tamoul (1,3%) 2400

7. Créole (1,2%) 2300

8. Vietnamien (1,0%) 1900

9. Bengali (1,0%) 1800

10. Ourdou (0,8%) 1600

Autres (9,2%) 16 900

Source: Données du Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal au 30 septembre 2007, compilées pour La Presse

 



LIEU DE NAISSANCE


Des élèves du secteur public dans l'île de Montréal

PAYS OU PROVINCE / NOMBRE D'ÉLÈVES

1. Québec (79,2%) 147 900

2. Algérie (2,0%) 3700

3. Haïti (1,4%) 2700

4. Ontario (1,3%) 2500

5. Chine (1,1%) 2000

6. Maroc (1,0%) 1800

7. États-Unis (0,9%) 1700

8. Mexique (0,9%) 1700

9. Roumanie (0,7%) 1300

10. France (0,6%) 1100

Autres (10,9%) 20 300

Source: Données du Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal au 30 septembre 2007, compilées pour La Presse

 



LES 10 ÉCOLES PRIMAIRES LES PLUS MULTIETHNIQUES DE L'ÎLE DE MONTRÉAL

Élèves nés à l'étranger ou nés ici de deux parents nés ailleurs

1. Pavillon Hébert (école Katimavik-Hébert) Saint-Laurent: 100%

2. Édifice Mackle (école de la Mosaïque) Côte-Saint-Luc: 97,51%

3. Barthélémy-Vimont Parc-Extension: 94,99%

4. Camille-Laurin Parc-Extension: 94,82%

5. Henri-Beaulieu Saint-Laurent: 94,21%

6. Barclay Parc-Extension: 93,97%

7. Laurentide Saint-Laurent: 93,75%

8. Édifice McMurray (école de la Mosaïque) Côte-Saint-Luc: 92,87%

9. Enfant-Soleil Saint-Laurent: 91,97%

10. Pavillon Dupuis (école des Cinq-Continents) Snowdon: 91,61%

Source: Portrait socioculturel des élèves inscrits dans les écoles publiques de l'île de Montréal, Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal, 2008



 

LES 10 ÉCOLES SECONDAIRES LES PLUS MULTIETHNIQUES DE L'ÎLE DE MONTRÉAL

Élèves nés à l'étranger ou nés ici de deux parents nés ailleurs

1. La Voie Côte-des-Neiges: 92,15%

2. Mont-Royal Mont-Royal: 89,21%

3. Édifice Émile-Legault (école Saint-Laurent) Saint-Laurent: 89,05%

4. Édifice Saint-Germain (école Saint-Laurent) Saint-Laurent: 88,40%

5. Saint-Luc Notre-Dame-de-Grâce: 87,74%

6. La Dauversière Cartierville: 87,28%

7. Évangéline Cartierville: 85,06%

8. Lucien-Pagé Villeray: 78,58%

9. Louis-Joseph-Papineau: Saint-Michel 74,83%

10. Amos Montréal-Nord: 70,54%

Source: Portrait socioculturel des élèves inscrits dans les écoles publiques de l'île de Montréal, Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal, 2008