Jour de rentrée à la Commission scolaire de Montréal et pour la majorité des enfants québécois qui fréquentent le primaire ou le secondaire. Pour les enseignants, les enfants et les parents, est-ce vraiment une petite fin du monde ou juste une fin d'été? Nous en avons rencontré plusieurs. Leurs commentaires.

Tristan Antonelli, 7 ans, entre en deuxième année.À la veille de la rentrée, hier, il portait un t-shirt portant l'inscription: «Les arbres donnent de l'oxygène. Les devoirs tuent les arbres. Les devoirs causent le réchauffement planétaire»

«Je suis content, j'ai des crayons feutre, des surligneurs et tout ça. En allant au magasin pour acheter mes choses, j'ai appris des nouveaux mots, comme 'tablette à encre à deux lignes étroites'. Même le monsieur et la madame de Jean Coutu ne savaient pas ce que c'était.

Ce matin (hier), je me suis levé à 8h». Avec l'école, je devrai me lever encore plus tôt. Pendant l'été, je me suis couché à 22h ou 23h et je me levais aussi tard que 10h.

Si ça m'énerve un peu, la rentrée? Pas trop. C'est juste que je n'aime pas trop les devoirs. Vingt minutes de devoirs par soir, ce serait assez.»

Annie, la mère de Tristan

«En fait, il déteste les devoirs et il est quand même pas mal anxieux! Tout changement le déstabilise. C'est son père qui l'accompagnera à sa première journée et ça me fait un peu de peine que ça ne soit pas moi cette année. Je sais cependant qu'après cinq minutes, il sera déjà dans le bain et content. Pourvu qu'il ait le professeur qu'il espère!»

Yoan Breton, 15 ans. Entre en secondaire IV.

Pour moi, recommencer l'école ne sera pas un si grand choc parce que j'étais quand même très occupé pendant l'été. Mes parents ont une ferme à Saint-Alexandre, et le matin, j'aidais à faire le train, à m'occuper des vaches et plus tard dans la journée, j'avais mon entraînement quotidien de patin qui durait trois heures.

Comme je suis le programme de sports-études, rentrer à l'école, c'est quand même un peu stressant. Nos cours sont donnés de façon concentrée. Ça fait beaucoup de matière en peu de temps, et pour pouvoir poursuivre mon patinage, je dois avoir une moyenne minimale sinon c'est l'expulsion du programme. Et comme je vise les Olympiques...

Ce que j'ai hâte de voir cette année, c'est si les professeurs savent où ils s'en vont. Je suis la génération cobaye. Je suis entré au secondaire au moment de la réforme et des fois, on voit bien que les professeurs ont de la misère à voir comment ils doivent enseigner ça.

Et puis, c'est sûr, j'ai hâte de revoir mes amis à l'école et les filles.

Je ne suis peut-être pas le plus bollé, mais je dois travailler fort parce que je veux aller à l'université. En gestion de la production agricole. Le patin et la ferme, c'est un mélange surprenant, mais j'adore les deux!

Kristen Croeser, mère de deux enfants - un à la garderie, l'autre qui fait son entrée à la maternelle

«Vous m'auriez dit qu'un jour j'habiterais à Terrebonne, que j'aurais deux enfants et une petite voiture brune, je ne vous aurais jamais cru! J'ai grandi en Afrique du Sud, j'ai passé ma vingtaine - et quelle vingtaine! - à faire des voyages et puis là, ça y est, comme pour les autres, je suis dans le mode rentrée!

L'an passé, c'était la folie. Je travaillais dans le Vieux-Montréal, je n'étais jamais arrivée à temps pour le souper et mon conjoint, mon formidable conjoint, s'est à peu près occupé de tout pendant 10 mois.

Là, j'ai changé d'emploi et je travaille maintenant à huit minutes de chez moi. Grâce à ce changement de vie, là, ce que je ressens surtout, c'est de l'excitation de voir mon plus vieux entrer à l'école.

J'ai une amie qui ne travaille pas à l'extérieur qui vit ça dans les larmes. Pour elle, c'est un deuil à faire. Moi, je suis toute contente et je n'arrête pas de dire à mon fils comme ça va être fabuleux pour lui d'apprendre plein de choses et d'avoir accès à une belle bibliothèque!

Bien sûr, ça sera beaucoup d'organisation. Avant d'aller au travail, je devrai déposer le plus jeune à la garderie et le plus vieux à l'école. Il faudra penser aux lunchs - ce qui n'était pas le cas quand les deux allaient à la garderie et qu'on n'avait à peu près rien à préparer -, planifier les repas et penser à notre affaire à l'épicerie! C'est sans compter le hockey qui va commencer dans quelque temps... On avait voulu l'inscrire l'an passé, mais le cours était donné le vendredi à 17 h. Voulez-vous bien me dire à qui ça convenait, ça, du hockey à 17 h le vendredi?

C'est sûr que je vais m'ennuyer de nos randonnées de vélo l'été, avec tout ça à penser, mais vraiment, je suis toute fière de l'entrée de mon fils à l'école.

Suzanne Capraro, enseignante d'anglais (et d'histoire les trois dernières années) à l'école secondaire Antoine-de-Saint-Exupéry, à Saint-Léonard

Pendant l'été, je fais plein de sport. À la rentrée, à part le ski la fin de semaine, je n'en fais pas. Je n'ai pas le temps et puis les élèves me donnent toute l'adrénaline dont j'ai besoin!

Le signe que l'école recommence? Le soir, avant de me coucher, je mets déjà le café dans la cafetière pour être fin prête à faire feu le matin!

La minute où tu mets le pied dans l'école, plus rien n'est pareil. D'un seul coup, tout devient important et tu n'as plus que l'école dans la tête!

J'enseigne depuis 13 ans et l'école, c'est toute ma vie, littéralement! J'enseigne à l'école que j'ai fréquentée, adolescente. Mon école, c'est donc ma famille, ma deuxième maison.

En début d'année, je me sens comme un enfant: il me faut mes crayons neufs et un agenda qui me plaît. Je repars à neuf! Et la première chose que je fais, en classe, c'est de mettre près de moi des photos des gens que j'aime. Bien en vue dans la classe, j'accrocherai aussi, comme je le fais chaque année, la photo des finissants de l'an dernier.

J'ai 200 élèves. Dans trois semaines, je les connaîtrai tous par leur nom. Comme prof, je suis de type grande sœur et même peut-être un peu môman! Pendant l'année scolaire, je suis la môman de grands de six pieds! Mes élèves, c'est comme si je les adoptais tous pour l'année!

Au cours des prochaines semaines, je serai en mode observation. Ce sera le temps d'étudier chaque groupe, d'afficher mes couleurs, de voir si je pourrai enseigner de façon plus relaxe ou si je devrai tenir la bride un peu plus serrée.

Les débuts et les fins d'année, ce sont vraiment de bonnes périodes, des périodes stimulantes. Rien à voir avec les vendredis après-midi de novembre quand il pleut et qu'on est tous à plat!

Patrick Cardinal, enseignant en histoire à l'école secondaire Félix-Leclerc, à Pointe-Claire

Je suis conscient d'être très chanceux d'avoir deux mois de vacances, l'été. En même temps, ce n'est pas de reste pour recharger les batteries! La semaine dernière, comme plusieurs de mes collègues, je n'arrêtais pas de me dire qu'il fallait vraiment que je me repose et que je fasse le plein de soleil, comme s'il s'agissait désespérément de faire le plein d'énergie pour l'année à venir!

La fin des vacances, c'est la fin de l'insouciance. Maintenant, pendant 10 mois, j'aurai tout le temps l'école en tête: je lirai les journaux en songeant à quels articles je devrais découper pour ma classe, j'aurai toujours une cassette prête à enregistrer une émission à la télévision...

Ça fait déjà quelques nuits que je rêve à l'école. Je rêve que j'arrive en retard - alors qu'avec ma conjointe, on se monte quatre cadrans! Ou pire encore, je rêve que j'ennuie mes élèves, ce qui est ma plus grande crainte.

N'empêche, ce que je ressens surtout, c'est de la fébrilité. J'adore mon travail: c'est un travail utile, qui peut marquer positivement les jeunes, et pour très longtemps.

Le début de l'année, c'est toujours une période exaltante. C'est le moment des bonnes résolutions, le temps où l'on prend, comme les enfants, sa plus belle écriture pour écrire dans son agenda. C'est le moment de toutes les promesses, le moment où les élèves te disent: Monsieur, cette année c'est vrai, je vais vraiment travailler fort!

Avec la direction de l'école, nous avons commencé à avoir des réunions cette semaine et tout comme les enfants, j'avais du mal à rester concentré, j'avais juste envie d'aller faire trempette dans la piscine d'à côté!

J'ai hâte de voir mes élèves. Quand ils entreront dans la classe, j'y serai déjà depuis une bonne heure. C'est ce que je fais tous les matins. J'aime prendre possession des lieux, j'aime m'assurer que tout est prêt et propre quand les élèves entrent dans la classe.»