La Ville de Montréal compte aller de l'avant seule dans la modernisation de certaines parties de la rue Notre-Dame qui relèvent de sa responsabilité exclusive, même si le projet de 1milliard de dollars est mis en veilleuse.

En entrevue avec La Presse, la responsable des transports dans l'administration du maire Gérald Tremblay, Manon Barbe, a affirmé que la Ville n'attendra pas le ministère des Transports du Québec (MTQ) pour prolonger d'environ 1 km le boulevard de L'Assomption entre les rues Hochelaga et Notre-Dame, comme le prévoit le projet de modernisation de la grande artère de l'Est.

La Ville de Montréal travaille aussi de concert avec l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve pour mettre en place des mesures concrètes d'apaisement de la circulation, afin de réduire le trafic de transit dans les rues locales.

Enfin, Montréal est aussi déterminée à faire en sorte que les autobus du futur Service rapide par bus (SRB) du boulevard Pie-IX puissent continuer leur parcours jusqu'au centre-ville via la rue Notre-Dame.

Le couloir exclusif aux autobus, un projet de 305 millions de dollars qui devrait se faire en 2013, ira jusqu'à l'autoroute 440, à Laval. Au sud, le trajet actuel ne va toutefois pas plus loin que la station de métro Pie-IX, près du Stade olympique. La création d'une voie exclusive aux autobus dans une rue Notre-Dame élargie à huit voies était prévue jusqu'au centre-ville.

Mme Barbe n'a toutefois pas précisé comment on compte faire une place à ces autobus dans la rue Notre-Dame actuelle, qui ne compte que quatre voies déjà saturées (70 000 véhicules par jour) et qui doit en outre accueillir plusieurs milliers de camions par jour provenant du port de Montréal.

Pas sur les tablettes

En entrevue avec La Presse, le sous-ministre adjoint par intérim du MTQ et responsable de la région métropolitaine, Jacques Filion, a tenu à préciser que le projet Notre-Dame n'est pas «tabletté». Le Ministère le considère toujours comme prioritaire.

La Ville de Montréal en a toutefois rejeté la version «optimisée» en janvier. Le Bureau de projet du MTQ et de la Ville, ouvert depuis 2005, a été fermé le même mois. Mais le dossier reste actif, assure M. Filion. Ainsi, le MTQ et Montréal demeurent toujours en pourparlers avec le Port de Montréal pour acquérir des terrains nécessaires à l'élargissement de la rue, qui va longer la propriété du Port, entre l'autoroute 25 et le pont Jacques-Cartier.

M. Filion a expliqué que l'ex-ministre des Transports, Julie Boulet, a demandé au Ministère de réviser un projet ayant fait l'objet d'un protocole d'entente avec la Ville afin d'en réduire les coûts. Le sous-ministre adjoint a indiqué que le projet soumis supprimait les passages en dépression du futur boulevard, sans préciser lesquels.

Mme Barbe a été plus explicite. Selon elle, le MTQ a soumis un projet de boulevard à huit voies, tout en surface, en supprimant les dalles-jardin qui devaient recouvrir deux passages en dépression.

Ces dalles devaient relier les parcs Champêtre et Morgan, situés de part et d'autre de la rue actuelle, et permettre de franchir le nouveau boulevard en passant au-dessus. Cet aménagement aurait surtout eu pour avantage d'ouvrir un passage sûr vers le côté sud de la rue Notre-Dame, qui est presque inaccessible, et vers le fleuve Saint-Laurent.

L'ouverture de cette «fenêtre sur le fleuve» était, paradoxalement, un des seuls aspects du projet de la rue Notre-Dame qui faisait l'unanimité dans l'est de Montréal.

«Ce qu'on nous a proposé, dit Mme Barbe, ce n'est pas ce que nous voulons. Nous voulons un projet qui va répondre à nos besoins, qui permettra une remise en valeur et qui donnera de la place aux transports actifs et collectifs. Nous étions prêts à faire beaucoup de concessions, mais pas celle-là.»

Selon la responsable des transports, Québec voulait un projet moins cher en raison de l'imminence de la reconstruction de l'échangeur Turcot, qui coûtera entre 2,5 et 3 milliards de dollars d'ici à 2017.

La dernière mouture du concept Notre-Dame présenté par le MTQ aurait réduit ses coûts de réalisation de 1,2 milliard à un peu moins de 1 milliard.