Des citoyens de Lac-Mégantic reprochent à Justin Trudeau de manquer à son obligation morale de construire une voie de contournement ferroviaire. Le bureau du premier ministre a réagi promptement en leur tendant la main quelques heures après leur sortie médiatique.

Des représentants de la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire à Lac-Mégantic avaient fait le déplacement à Ottawa, mercredi, pour exhorter le premier ministre à bouger sans plus tarder dans ce dossier.

Accompagné de représentants du Parti vert et du Bloc québécois, le porte-parole du regroupement, Robert Bellefleur, a fait remarquer qu'en juillet 2013, quelques jours après le drame ferroviaire, Justin Trudeau avait signé une pétition réclamant la construction d'une voie.

Mais depuis que le député de Papineau est aussi premier ministre du Canada, la coalition a eu droit à un silence radio, a déploré le Méganticois en conférence de presse dans l'édifice du Centre du parlement.

«Nous avons maintes et maintes fois adressé des demandes de rencontre avec lui. On n'a eu aucun accusé de réception, aucun signe de vie de la part de son cabinet», a indiqué M. Bellefleur.

Quelques heures à peine après la conférence de presse, le cabinet du premier ministre est entré en contact avec la coalition.

«Nous avons communiqué avec la coalition (mercredi) pour leur offrir une rencontre avec des membres du personnel du cabinet du premier ministre et du ministre Garneau. Nous attendons une réponse de leur part», a écrit Cameron Ahmad, l'attaché de presse de Justin Trudeau.

La coalition a accusé réception de cette invitation et a l'intention d'y donner suite, a signalé son porte-parole.

Étude de faisabilité

Dans son courriel, M. Ahmad a par ailleurs tenu à souligner que le ministre des Transports, Marc Garneau, avait rencontré le regroupement «à quelques reprises» depuis l'élection du gouvernement libéral, en octobre 2015.

Vrai, mais les membres de la coalition sont sortis «très déçus» de ces deux entretiens, qui n'ont donné aucun résultat tangible, a souligné Robert Bellefleur. Il reproche au ministre de se cacher derrière l'étude de faisabilité en cours pour justifier l'inaction du gouvernement fédéral.

Et selon le porte-parole de la coalition, il n'est ni approprié ni nécessaire d'attendre les résultats de l'étude pour aller de l'avant avec la construction de la voie de contournement que réclame la municipalité depuis le déraillement ferroviaire qui a fauché 47 vies.

Car un peu plus de trois ans après la tragédie, la souffrance est toujours là, a exposé M. Bellefleur, rappelant que la Direction de la santé publique a établi en février dernier que deux Méganticois sur trois présentent des manifestations de stress post-traumatique.

«Est-ce qu'on va faire passer des impératifs de calendrier avant la santé des gens? Ça ne tient pas la route», a-t-il tranché.

Pendant la dernière campagne électorale, les libéraux n'avaient pas formulé de promesse par rapport à la construction d'une voie de contournement ferroviaire.

«Ce n'est peut-être pas dans le programme du parti, mais c'est une cause humanitaire, et on doit y donner suite», a néanmoins insisté Robert Bellefleur.

Le ministre Garneau dit «comprendre l'impatience» des Méganticois, mais il fait valoir que l'étude doit se faire «dans les règles».

«Quand l'étude sera complétée, on pourra se prononcer, et puis si on peut accélérer le processus, tant mieux», a-t-il indiqué en mêlée de presse avant la réunion du caucus libéral, mercredi.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, a fustigé le gouvernement libéral pour sa lenteur à agir dans ce dossier, rappelant du même coup que sa formation s'était engagée à financer la voie de contournement pendant la campagne électorale.

«C'est une honte que Justin Trudeau, qui a signé une pétition demandant cette même voie de contournement, maintenant, est en train de (la) bloquer», s'est-il indigné en point de presse dans le foyer des Communes.