L'organisme fédéral qui a fait enquête sur la tragédie de Lac-Mégantic se dit préoccupé par la lenteur du gouvernement Harper à répondre à certaines des recommandations contenues dans son rapport final.

Dans un communiqué de presse diffusé jeudi, la présidente du Bureau de la Sécurité des Transports (BST), Kathy Fox, reconnaît que des « progrès importants » ont été réalisés quant à ces recommandations. Ces progrès incluent des mesures pour éviter que des trains immobilisés partent à la dérive.

« Mais en ce qui concerne les activités de vérification et de supervision de TC, nous jugeons préoccupant que le ministère n'ait pas encore mis en place un programme de surveillance efficace garantissant que toutes les sociétés ferroviaires feront l'objet de vérifications d'envergure et de fréquence suffisantes pour que les problèmes de sécurité soient corrigés à temps », a déclaré Mme Fox.

Dans son rapport d'enquête présenté en août, le BST a conclu qu'une vingtaine de facteurs avaient contribué à la tragédie, dont  la «faible culture de sécurité» de la compagnie Montreal Maine & Atlantic Railway (MMA) et le nombre insuffisant d'inspections menées par Transports Canada.

Le déraillement et l'explosion d'un train de la MMA au milieu de la nuit et en plein centre-ville de la municipalité québécoise a fait 47 morts. Le convoi de 63 wagons-citernes était chargé de pétrole brut.

Le BST a fait deux recommandations. La première était d'obliger les sociétés ferroviaires canadiennes à adopter des mesures supplémentaires pour empêcher les trains de partir à la dérive. Transports Canada a ainsi imposé en octobre de nouvelles normes en ce sens, et annoncé l'embauche de personnel supplémentaire pour vérifier l'immobilisation des trains et le respect de ces règles.

« Si toutes les mesures proposées sont définitivement mises en oeuvre, le risque que du matériel roulant parte à la dérive sera considérablement réduit. Par conséquent, le Bureau estime que la réponse à la recommandation dénote une intention satisfaisante », peut-on lire dans le communiqué de presse diffusé mercredi.

La deuxième recommandation visait la vérification et le suivi des systèmes de gestion de la sécurité, que les compagnies ferroviaires doivent obligatoirement adopter pour diminuer les risques liés à leurs opérations.

À cet égard, et malgré les bonnes intentions annoncées par Transport Canada depuis le rapport, il « n'a pas encore démontré qu'il a mis en oeuvre un programme de surveillance efficace garantissant que toutes les sociétés ferroviaires seront l'objet de vérifications adéquates », a noté le BST.

« Il est donc possible que les lacunes du SGS d'une société ferroviaire passent inaperçues et qu'elles ne soient pas corrigées à temps », a ajouté le BST.

« Il reste du travail à faire, a conclu la présidente Fox. Les Canadiens ne méritent rien de moins que le système de transport le plus sécuritaire possible. »

Le risque pétrolier

La ministre fédérale des Transports, Lisa Raitt, a réagi en affirmant que son « ministère travaille très fort pour s'assurer que tous les aspects des recommandations du BST et du vérificateur général son traités ».

« Je prends tous les recommandations et conseils du BST très au sérieux, et j'apprécie leur travail sur cette question. »

L'organisme Greenpeace a pour sa part fait valoir que « le Bureau de la sécurité des Transports a raison de s'inquiéter du fait que Transport Canada n'a pas encore mis en place un programme de surveillance, laissant ainsi les compagnies ferroviaires s'autoréguler ».

« Considérant l'énorme quantité de pétrole qui transite désormais par train, il est temps que le gouvernement fédéral fasse des vérifications sur le terrain au lieu de se contenter de réviser la paperasse soumise par les compagnies », a déclaré Patrick Bonin, porte-parole de l'organisation.

Dans son rapport, le BST a noté que Transport Canada sait que les compagnies ferroviaires transportent de plus en plus de pétrole brut dans des régions habitées, mais qu'il n'en a pas inspecté ni évalué les risques.