Des centaines de personnes dans la région de Lac-Mégantic ont sollicité de l'aide psychologique pour de l'anxiété, des «flashbacks» et une crainte maladive des voies ferrées à la suite du déraillement meurtrier de juillet 2013, a affirmé la coordonnatrice clinique de l'équipe de soutien psychosocial du CSSS du Granit, Mychelle Beaulé.

Et la liste de patients continue de croître à l'approche du premier anniversaire du drame, environ cinq nouveaux clients frappant à la porte de l'agence chaque semaine.

Mme Beaulé a indiqué que son équipe avait épaulé 423 résidants dans la région de Lac-Mégantic durant les dix derniers mois dans le cadre de 188 séances de groupe et 2035 séances individuelles. La ville de Lac-Mégantic compte moins de 6000 résidants.

«Beaucoup, beaucoup d'entre eux ont subi des séquelles psychologiques», a dit Mme Beaulé, ajoutant qu'une poignée de résidants avaient développé une «peur terrible» des voies ferrées serpentant la localité.

Elle a relaté en entrevue comment certaines personnes étaient accompagnées graduellement le long des voies ferrées et rassurées sur le fait que rien de mal n'arriverait si elles les traversaient.

Mme Beaulé a brossé le portrait d'une communauté ayant encore du mal à se remettre de la tragédie, alors même qu'elle se prépare à souligner le premier anniversaire du déraillement meurtrier du 6 juillet 2013.

Dimanche, cela fera un an qu'un train fantôme transportant du pétrole brut a déraillé à Lac-Mégantic, provoquant des explosions immenses ayant détruit le centre-ville en bonne partie et tué 47 personnes.

Mme Beaulé a soutenu que son équipe avait accompagné avec succès plusieurs des patients, dont la vaste majorité souffrait de symptômes de stress post-traumatique, incluant des «flashbacks» et des douleurs physiques en réaction à certains sons.

Mais elle s'attend à ce que les souffrances resurgissent pour certains durant les activités de commémoration de la fin de semaine. Un certain nombre de résidants ont déjà indiqué qu'ils se tiendraient à l'écart des événements, qui attireront beaucoup d'attention médiatique.

«Nous avons beaucoup de personnes qui se portent bien et qui savent que la commémoration du 6 juillet sera une autre étape éprouvante, a exposé Mme Beaulé. La plupart ont hâte au 7 juillet.»

Mme Beaulé a indiqué que l'agence de santé épaulait actuellement environ 120 personnes dans des séances individuelles et environ 40 autres dans des séances de groupes.

Elle a souligné que des gens estimant pouvoir traverser cette épreuve sans aide professionnelle avaient sollicité de l'aide pour la première fois ces derniers mois. «Ils arrivent plus fragiles, plus épuisés car ils ont tenté de s'en sortir par eux-mêmes et que peut-être cela leur a pris plus d'énergie qu'ils avaient pensé», a-t-elle fait valoir.

Les patients vus durant la dernière année incluent des enfants affectés par le drame, dont plusieurs avaient perdu un ou leurs deux parents dans le déraillement meurtrier.

D'autres enfants ont développé des problèmes après avoir été témoins des explosions ou même simplement en entendant des adultes discuter du drame.

L'hiver dernier, le deuil était si répandu dans la ville que des séances de groupes étaient organisées pour aider les massothérapeutes, esthéticiennes et coiffeuses à apprendre comment parler aux clients souffrant après le désastre. Les discussions portaient aussi sur les manières d'éviter qu'elles-mêmes développent des symptômes résultant du déraillement ayant décimé la localité.

Mme Beaulé a indiqué que des séances de groupes similaires seront organisées ce mois-ci pour des serveurs de restaurant, de bars et des chauffeurs de taxi, notamment pour savoir comment aborder les questions de touristes et visiteurs.

«Cela va mieux pour plusieurs, (mais) il y a encore du chemin à faire, a dit Mme Beaulé. Il s'agira d'une grosse fin de semaine d'(événements commémoratifs), mais je crois qu'après cela, nous serons finalement en mesure d'entrer dans l'été qu'on a pas eu l'an dernier.»