Par un mercredi matin ensoleillé à Lac-Mégantic, René Boutin a enterré son «seul gars», l'aîné de ses trois enfants. Pour la première fois en trois semaines, les funérailles d'une des 47 victimes du déraillement de train ont pu être célébrées. Les nombreuses personnes réunies à l'église Notre-Dame-de-Fatima ont ainsi pu faire leurs adieux à Frédéric Boutin, 19 ans.

Le corps du jeune homme, qui habitait en face du Musi-Café, a été le premier retrouvé dans le centre-ville rasé par les flammes le 6 juillet dernier. Trois semaines plus tard, la famille a pu récupérer la dépouille. «On a fermé une petite boucle», a indiqué à La Presse son père, René Boutin.

À l'église, plusieurs proches ont livré des témoignages soulignant les qualités de Frédéric.

«Tu étais toujours prêt à aider. Merci pour ta joie de vivre», a affirmé son ami William, qui partageait un appartement avec lui.

«Tu es parti trop vite, a poursuivi Roxanne, sa soeur cadette. Tu nous manqueras... mon ange gardien, mon frère.»

Le prêtre Steve Lemay, qui avait également officié à la messe commémorative de samedi dernier, a prononcé un discours dans lequel il a expliqué que Lac-Mégantic est une réserve de ciel étoilé. «Les étoiles filantes qui ne font que passer ont toujours eu beaucoup plus d'attraits [...] C'est la même chose avec les gens qui nous entourent. Certains ne font que passer, mais nous marquent. Frédéric est pour nous une étoile filante.»

Trois jours avant le drame, René Boutin avait passé la journée avec son fils à Saint-Georges, pour lui trouver un appartement. Frédéric venait tout juste d'être accepté dans une formation de mécanicien et devait déménager au début du mois d'août.

Le jeune homme a été retrouvé dans une ruelle près de son appartement. «On suppose qu'il se sauvait de chez lui. Il a été retrouvé seul», a expliqué son père. Pendant une semaine, sa famille a été sans nouvelle.

Frédéric avait un tatouage sur l'avant-bras. C'est ce qui a permis à René Boutin d'identifier le corps de son fils, sept jours après la tragédie. Depuis, le père de famille s'est fait tatouer les noms de ses trois enfants - Frédéric, Roxanne et Sophie - au même endroit que son fils. Ses deux filles et sa femme, Isabelle Boulanger, ont fait de même.

Dans les moments difficiles, il regardera ce tatouage et se dira: «Viens m'aider, j'ai besoin de toi à matin, mon Fred», a-t-il confié.

Libération des corps

Depuis la fin de la semaine dernière, le Bureau du coroner a entamé le processus de libération des corps retrouvés et identifiés, sans toutefois donner plus de détails. Des familles ont donc pu récupérer les dépouilles. 

Les funérailles de Roger Paquet, d'Henriette Latulippe et de Kathy Clusiault se dérouleront dans les prochains jours. Cinq corps n'ont toujours pas été retrouvés dans les décombres sur les 47 victimes de la tragédie.