Bernard Fortier vit une situation des plus surréalistes. Depuis deux jours, il voit une photo de son visage défiler en boucle, à l'instar de celles des dizaines de personnes manquant à l'appel depuis la tragédie de samedi.

L'homme en question est pourtant bien vivant et ne comprend pas comment il s'est retrouvé sur cette liste des gens disparus, avec sa femme Nicole Carrier.

« Ma femme m'a appelé ce matin pour me dire: ''T'as vu, on est dans les médias parmi les personnes recherchées!", s'étonne M. Fortier, qui dormait le soir du drame, avant d'être évacué comme le reste de son voisinage.

L'erreur est peut-être humaine, mais elle cause néanmoins quelques soucis à ce retraité et à sa femme. «Ça a déboulé. Plusieurs personnes ont commencé à appeler et à débarquer ici pour voir si on était corrects», soupire M. Fortier.

Il déplore cette étrange situation, même s'il se dit bien conscient qu'elle est très anodine comparativement aux souffrances vécues par plusieurs de ses concitoyens.

Il ignore toujours comment son nom et celui de sa femme, de même que leurs photos, ont pu circuler dans certains médias. «Notre téléphone a été coupé quelques jours. Un proche a peut-être tenté de prendre des nouvelles, sans succès, pour ensuite signaler notre disparition?», suggère M. Fortier.

Partis en camping

Lorsque le centre-ville s'est embrasé, Francis Bouffard prenait pour sa part quelques jours de vacances en camping avec sa famille à Bromont. Il s'est également retrouvé, malgré lui, sur des listes de personnes recherchées diffusées dans quelques médias.

« Pourtant, j'avais fait le point sur Facebook pour rassurer les gens qui s'inquiétaient pour nous», explique M. Bouffard, copropriétaire d'une entreprise familiale de lettrage à Lac-Mégantic.

Son message n'a manifestement pas été entendu. «Depuis hier, le téléphone ne dérougit pas à la compagnie. Je reçois beaucoup d'appels de proches qui s'inquiétaient», déplore M. Bouffard, qui trouve malheureux que certains spéculent sur des listes de victimes alors que les enquêtes sont toujours en cours.

Les nombreux témoignages et commentaires sur les réseaux sociaux contribuent à alimenter la machine à rumeurs, note la Sûreté du Québec, qui a lancé hier un appel à la prudence au sujet de ces listes improvisées.

« Il n'existe qu'une seule liste officielle et quelques enquêteurs seulement y ont accès», explique le sergent Benoit Richard.

Hier, la SQ a d'ailleurs affirmé détenir une liste de cinquante noms de personnes «possiblement décédées».