Avant même d'avoir rencontré les enquêteurs de la Sûreté du Québec, le président de l'entreprise ferroviaire impliquée dans la catastrophe à Lac-Mégantic, Edward Burkhardt, a indiqué qu'il avait suspendu le conducteur du train, Tom Harding, le soupçonnant de ne pas avoir appliqué correctement les freins manuels du convoi, ce qui aurait provoqué la tragédie. 

Pourtant, lorsque La Presse a parlé avec M. Burkhardt ces derniers jours, le président de Rail World, la compagnie mère de la Montreal, Maine & Atlantic Railway (MMA) a indiqué à plusieurs reprises «que cet homme est selon moi un héros». 

Le ton était entièrement différent cet après-midi, au centre-ville de Lac-Mégantic, alors qu'il a donné un point de presse imprévu aux médias réunis sur place. 

Encore une fois, M. Burkhardt a affirmé que les pompiers de Nantes avaient joué un rôle dans la tragédie, en éteignant le moteur de la première locomotive du convoi. Il avait fait cette même déclaration, hier, lorsque La Presse l'a accueilli à son arrivée à l'aéroport Montréal-Trudeau.

Une visite mouvementée  

Comme il s'y attendait, la visite du grand patron de la MMA a débuté de façon difficile à Lac-Mégantic, mercredi. 

Ed Burkhardt a été invectivé partout sur son passage par des Méganticois en colère. Durant sa conférence de presse, il a dû lever le ton à plusieurs reprises pour ne pas être enterré par des citoyens qui le traitaient de «rat».

Plus tôt aujourd'hui, un homme a même été transporté par la Sûreté du Québec jusqu'à un centre de soins en santé mentale en raison des menaces qu'il proférait contre le magnat du ferroviaire, a appris La Presse.

Selon le policier Benoit Richard, l'individu n'avait pas la capacité de mettre à exécution ses menaces. «Il n'avait aucun moyen de mettre la vie de quelqu'un en danger», a-t-il assuré. 

Depuis le début de sa visite, l'intégrité physique d'Ed Burkhardt n'a jamais été menacée, a-t-il ajouté.

Pourtant, le seul administrateur canadien de l'entreprise a indiqué avoir vu des policiers offrir à l'homme d'affaires une protection. «La Sûreté m'a dit que pour la sécurité de M. Burkhardt et de M. Grindrod [président de la filiale MMA], au lieu qu'ils prennent leurs propres autos, ils allaient s'occuper d'eux autres [de leurs déplacements dans la ville]», a-t-il affirmé.

«Moi j'ai compris que c'était un risque sérieux.»