Sous les questions incisives de la Couronne suggérant que Luka Rocco Magnotta était un manipulateur, le psychiatre allemand Thomas Barth a gardé le cap. L'accusé traversait un grave épisode psychotique et souffrait vraiment, quand il l'a traité à Berlin, en juin 2012.

C'est ce qui se dégage du contre-interrogatoire du Dr Barth, mercredi, au procès de Magnotta.

Le médecin de 45 ans, expert en psychiatrie légale, n'a été en contact avec Magnotta que pendant une semaine, alors qu'il se trouvait dans l'aile psychiatrique d'une prison de Berlin, entre le 11 et le 18 juin 2012. C'est insuffisant pour poser un diagnostic de schizophrénie paranoïde, admet le Dr Barth, mais c'est assez pour se rendre compte si un patient simule les symptômes psychotiques.

Magnotta ne manifestait pas d'émotion, disait entendre des voix, se sentait épié, avait peur, sautait du coq à l'âne dans son récit, et se montrait coopératif. Le psychiatre lui accorde même une note de 10 sur 10 pour sa coopération.

Louis Bouthillier, procureur de la Couronne, a relevé le fait que Magnotta ne voulait pas parler de certains sujets. Le Dr Barth a rétorqué que Magnotta n'avait pas dit qu'il ne voulait pas parler de ça, mais il changeait de sujet. Deux mois avant le meurtre de Lin Jun, Manotta avait consulté un psychiatre à l'Hôpital général juif de Montréal. Il n'avait pas parlé de schizophrénie. Le Dr Bouthillier a aussi sorti un rapport émanant de l'hôpital Mount-Sinaï, à Miami, daté de janvier 2011. Magnotta a nié avoir des antécédents psychiatriques et des hallucinations, et avait reçu son congé en moins de 48 heures.

«Je ne suis pas surpris, a répondu Dr Barth. Les patients schizophrènes se sentent stigmatisés et n'aiment pas parler de leurs problèmes, ils peuvent cacher leurs antécédents.»