C'est un avocat de Toronto, Me Raphael J. Feldstein, qui a aidé la police à retrouver la tête de Lin Jun, en 2012, un mois après la découverte des autres parties du corps de l'étudiant chinois.

Voilà ce qui se dégage du témoignage que le détective du SPVM Antonio Paradiso a livré, hier, au procès de Luka Rocco Magnotta.

M. Paradiso a raconté que les indications pour trouver «ce que vous cherchez» lui ont été adressées par télécopieur, le 1er juillet 2012 à 4h13, au bureau des crimes majeurs du SPVM. Suivant les indications du document en provenance du bureau de l'avocat de Toronto, M. Paradiso et un collègue se sont rendus au parc Angrignon et ont fouillé. Le parc est grand et il abrite trois étangs. Ils n'ont d'abord rien trouvé. Un peu plus tard, un policier de Longueuil accompagné d'un chien pisteur est arrivé à la rescousse, et cela a mené à la découverte de la tête, putréfiée, dans les hautes herbes, non loin d'un plan d'eau. C'était la seule partie du corps qui manquait.

M. Paradiso a aussi expliqué qu'il avait été impliqué dans le dossier dès le 29 mai 2012, jour de la découverte du torse et des membres dans Côte-des-Neiges. Il a regardé les vidéos de l'immeuble où résidait M. Magnotta et sur lesquelles celui-ci apparaissait. Les policiers ont d'abord cru que Magnotta était la victime. L'enquêteur s'est aussi rendu dans une pharmacie Jean Coutu, où des colis avaient été envoyés à Ottawa. On sait qu'une main et un pied de la victime ont été envoyés par la poste à des partis politiques, à Ottawa.

Magnotta a été arrêté à Berlin le 4 juin 2012. Le 16 juin, M. Paradiso s'est envolé pour l'Allemagne avec d'autres policiers et un psychiatre, afin d'aller cueillir Magnotta et le ramener au pays, le 18 juin.

M. Magnotta avait un papier à la main, disant qu'il exerçait son droit de demeurer silencieux, s'est rappelé le témoin. M. Magnotta était menotté. Pendant le vol, qui aurait duré de six à sept heures, il a pris deux repas, est allé aux toilettes deux fois dans l'avion et a dormi pendant presque tout le reste du voyage, a expliqué M. Paradiso. Par ailleurs, il s'est montré calme et coopératif.

Toxicologue

Une toxicologue judiciaire, Catherine Lavallée, a également été appelée à la barre hier. Elle a analysé différents prélèvements sur le corps de Lin Jun, dont son contenu gastrique, son foie, sa rate, ses reins.

Elle a trouvé du Temazepam, un somnifère, et du diphénhydramine (Benadryl), servant à soulager les allergies, qui peut entraîner la somnolence. Le corps était dans un état de putréfaction trop avancé pour dire quelle quantité Lin Jun avait ingérée. On a retrouvé du Temazepam dans la bouteille de vin vide retrouvée dans les ordures, liées à la scène de crime. Elle a expliqué que le Temazepam est un médicament courant, sans être le plus populaire. Dans le cadre de son travail, elle en a vu dans le cas de morts suspectes, d'agressions sexuelles et d'homicides.

«Le Temazepam à forte dose peut provoquer la somnolence, la confusion, la faiblesse motrice, l'inconscience et l'amnésie», a laissé entendre Mme Lavallée.

Accusations

Rappelons que M. Magnotta est accusé du meurtre prémédité de Lin Jun, d'outrage à son cadavre, de production et diffusion de matériel obscène, d'utilisation de la poste pour diffuser du matériel obscène de et harcèlement du premier ministre Stephen Harper et de membres de son gouvernement. Son procès se poursuit aujourd'hui.

Le fax du 1er juillet 2012, pour trouver la tête de Lin Jun

«Vous devriez trouver ce que vous cherchez en suivant ces instructions: sortez au métro Angrignon du côté du stationnement, traversez le stationnement en direction d'un étang, passez à travers un groupe d'arbres, tenez votre gauche. Quand vous arriverez au bas de l'étang, juste avant que ça commence à tourner vers la droite, arrêtez et regardez vers la droite dans les herbes hautes, à peu près à deux pieds de l'étang. Vous devriez trouver ce que vous cherchez.»