La preuve qui sera présentée au procès de Luka Rocco Magnotta montre de la violence, mais pas le meurtre de l'étudiant Jun Lin au moment où il a été commis.

L'avocat de Luka Rocco Magnotta dit vouloir choisir des jurés intelligents qui auront l'esprit ouvert tout au long du procès qui doit s'amorcer le 22 septembre.

C'est une précision que le juge Guy Cournoyer a tenu à faire, au premier jour du processus de sélection du jury qui sera chargé de juger M. Magnotta.

«Contrairement à ce qui a été dit dans les médias, il n'y a aucun enregistrement vidéo dans la preuve qui sera présentée, qui montre la commission de l'homicide de M. Lin au moment où il était commis. Les faits qui seront mis en preuve, en raison des gestes posés, de la violence utilisée et du caractère sexuel de certains de ces gestes, peuvent être choquants et perturbants pour certaines personnes», a indiqué le juge quand il s'est adressé aux 400 candidats jurés réunis dans une salle du palais de justice de Montréal. En tout, ce sont 1600 candidats qui sont appelés à se présenter cette semaine, dans le but de former un jury bilingue de 14 personnes, soit 12 jurés et deux jurés suppléants.

Plusieurs candidats jurés ont été exemptés - principalement en raison d'un problème de langue. Au terme de ce processus, 12 jurés bilingues auront été choisis et deux possibles remplaçants auront également été désignés pour entendre la preuve liée à ce dossier.

Magnotta fait face à cinq accusations, incluant un chef de meurtre avec préméditation, en lien avec l'assassinat et le démembrement de Jun Lin, un étudiant chinois de 33 ans tué en mai 2012. Il a plaidé non coupable.

Me Luc Leclair dit ne pas suivre un plan préconçu pour choisir ceux qui détermineront le sort de son client, ajoutant ne pas se préoccuper de la couleur de la peau ou de l'origine ethnique des candidats. «Est-ce qu'on choisit des hommes ? Est-ce qu'on choisit des femmes ? Qui est-ce qu'on choisit ?,  a déclaré l'avocat torontois lors d'une conférence de presse. Ça ne sera pas facile.»

Les preuves commenceront à être présentées le 22 septembre. Le procès devrait durer entre six et huit semaines.

Lundi, 87 des 400 premiers candidats jurés n'ont pas réclamé d'exemption. Ils reviendront participer au processus de sélection, la semaine prochaine.

Parmi les personnes exemptées figure une vieille dame qui n'a eu qu'à dire qu'elle était âgée de 84 ans pour être libérée par le juge Guy Cournoyer. «Profitez bien de la vie, vous êtes exemptée», lui a lancé le juge. Une autre dame a été exemptée après qu'elle eut avoué avoir été si dégoûtée par ce qu'elle avait lu sur cette affaire qu'elle avait souhaité que l'accusé soit castré, il y a deux ans.

Me Leclair s'est dit surpris par les réactions viscérales de certains candidats. «C'est une bonne expérience. Elle me permet de voir comment les Montréalais réagissent. Nous avons eu des réactions assez vives. Ce que je recherche comme juré, c'est quelqu'un qui a l'esprit ouvert, c'est quelqu'un qui est intelligent, c'est quelqu'un qui va écouter.»

Plusieurs candidats ont dit au juge qu'ils n'étaient pas assez bilingues pour suivre les débats. Dans certains cas, ils ont dit que leur français n'était pas assez bon pour pouvoir siéger à titre du juré. Un habitant de l'est de Montréal a dit que son anglais se résumait à «oui, non, grille-pain».

Le juge Cournoyer a avisé les candidats jurés que des preuves difficiles à supporter seront présentées au cours du procès. «La violence, le caractère sexuel (des preuves) pourront choquer et vous perturber», leur a-t-il dit.

Mais le juge a aussi voulu les rassurer sur l'existence de certaines vidéos qui seront présentées en preuve. «Contrairement à ce qui a été dit dans les médias, il n'y a aucun enregistrement vidéo dans la preuve qui sera présentée, qui montre l'homicide de M. Lin au moment où il était commis.»

Pendant ce temps, Magnotta, vêtu d'un tee-shirt et d'un pantalon, était assis dans un coin de la salle, entouré d'au moins cinq gardes. Il a ensuite regardé les procédures dans une autre salle sécurisée.

Me Leclair a dit que son client était vraisemblablement surpris par l'ampleur des procédures. «Je ne lui ai pas parlé depuis ce matin, mais je sais que l'expérience est assez surprenante pour lui, par le nombre de candidats présents ce matin, la grandeur de la salle et tout ça.»

Avec La Presse Canadienne