Lin Jun tout petit. Lin Jun à l'école. Lin Jun adulte. Lin Jun avec sa famille dans un restaurant de Pékin, en 2010, la veille de son départ pour Montréal, d'où il ne reviendrait jamais.

Lin Jun a péri de sinistre façon le 25 mai dernier à l'âge de 33 ans. Son corps démembré a été trouvé, en partie, dans Côte-des-Neiges. Mais pour l'heure, les photos qui montrent un Lin Jun souriant et enjoué s'étalent sur une section de l'immense table de conférence du cabinet d'avocats Borden Ladner Gervais. C'est dans cet endroit haut perché et au décor raffiné, encadré par les deux avocats qui l'ont pris sous leur aile, que la famille du défunt Lin Jun a reçu les médias, mardi avant-midi. Vingt minutes d'entrevue étaient allouées à chacun des journalistes, qui se suivaient à la queue leu leu. Le but de cette rencontre organisée au quart de tour, avec interdiction de prendre des photos de la famille et d'aborder certains sujets, comme la mort de Lin Jun, était de commémorer Lin Jun, ont indiqué Me Daniel Urbas, et Me Amélie Gouin.

«Lin Jun était un homme qui avait une vie antérieure et des rêves après», a fait valoir Me Urbas, qui s'occupe de la famille de Lin Jun de façon pro bono. L'avocat explique que la famille va se rendre au lieu de sépulture de Lin Jun cette semaine, lors du Festival Quingming, une célébration chinoise qui se déroule entre le 4 et le 6 avril, au cours de laquelle on honore les ancêtres et les défunts.

La force

La famille ne parlant que le chinois, une interprète a traduit la conversation. Le père, Diran Lin, la mère, Zhi Gui Du, et la soeur du défunt, sont venus de Chine pour l'enquête préliminaire de Luka Rocco Magnotta, accusé du meurtre de Lin Jun et d'outrages à son cadavre. Mais seul le père a trouvé la force d'y aller, quelques fois. Il tentera encore une fois d'y assister lundi prochain, quand l'exercice reprendra.

On apprend que Lin Jun travaillait pour Microsoft en Chine. Il a décidé de venir au Canada comme immigrant, pour parfaire ses études à l'université Concordia. Il avait l'idée de vendre une de ses propriétés, un appartement à Pékin, pour se lancer en affaires au Canada.

Lin Jun était parti de la maison familiale depuis longtemps, mais il communiquait avec sa famille souvent. Trois fois par semaine et même à tous les jours parfois quand il était au Canada, soutient son père. Ce dernier admet cependant que son fils ne lui donnait pas de détails sur ce qu'il faisait, ni sur ses fréquentations.

Le père et la mère travaillent dans un bureau des chemins de fer en Chine. Leur fille, surnommée Mei Mei, a 22 ans. Elle ne travaille plus depuis la mort de son frère. La fin tragique de Lin Jun a soufflé la famille. La mère a l'impression de revivre la mort de son fils à tous les jours.

Levée de fonds

L'année dernière, l'Université Concordia a fait une levée de fonds suite à la mort de Lin Jun. Une partie est allée en bourses, et l'autre, 60 000 $, a été donnée aux parents de Lin Jun, pour les aider à payer leurs dépenses.

L'enquête préliminaire de Luka Rocco Magnotta devrait finir la semaine prochaine. Mais la famille de Lin Jun ne sait pas quand au juste elle repartira en Chine. Est-elle tentée de venir s'installer au Canada?

La réponse n'est pas claire.

«Ils n'ont pas encore pensé à ça», intervient Me Urbas, en soulignant que toute leur famille est en Chine.