Les avocats de Luka Rocco Magnotta demandent au Procureur général de délier les cordons de sa bourse, afin d'augmenter les sommes pour l'évaluation psychiatrique de leur client.

Les montants offerts par l'Aide juridique pour les expertises seraient nettement insuffisants pour un dossier de cette complexité, selon l'avocat de l'accusé, Me Luc Leclair. L'avocat a présenté une requête en ce sens à la Cour supérieure, vendredi, en demandant que celle-ci soit couverte par une ordonnance de non-publication, ce que le juge Michael Stober a refusé.

Les expertises s'attarderont à l'état d'esprit de M. Magnotta, notamment pour voir s'il y a ouverture à une défense de non-responsabilité pour troubles mentaux.

Ce genre d'expertise n'est pas inhabituel. Il est normal que la défense veuille examiner toutes les avenues, a relevé le juge. «Cela veut juste dire que l'avocat fait ses devoirs», a ajouté le magistrat.

Aide sociale

Magnotta est accusé du meurtre prémédité de l'étudiant chinois Lin Jun, et d'outrage à son cadavre. Les événements sont survenus en mai dernier. L'homme de 30 ans a été arrêté à Berlin dans les semaines suivantes après une chasse à l'homme internationale.

M. Magnotta était bénéficiaire de l'aide sociale. Étant dans l'indigence, il est admissible à l'aide juridique. C'est d'ailleurs avec un mandat d'aide juridique, que Me Leclair, un avocat d'Ontario, et Me Pierre Panaccio, de Montréal, assurent sa défense. Dans le cadre de cette défense, les avocats veulent faire évaluer leur client par des psychiatres spécialisés dans le domaine médico-légal. Mais les experts ne se bousculent pas au portillon, apparemment.

L'aide juridique offrait d'abord 1200 $, pour l'évaluation par un psychiatre et la rédaction du rapport. Devant l'insistance de Me Leclair, la somme a été augmentée à 1500 $, puis 2000 $ et enfin 3000 $. Me Leclair dit avoir trouvé deux psychiatres qui, à contrecoeur, ont accepté ces émoluments. Ils auraient travaillé 60 heures chacun dans le dossier à venir jusqu'ici, et leur travail est loin d'être terminé, selon Me Leclair.

Me Leclair a aussi soulevé le fait que Magnotta est unilingue anglophone. Les experts doivent donc parler anglais et être capables de rédiger leur rapport en anglais, ce qui restreint le bassin d'experts, à son avis.

Me Leclair signale que l'aide juridique d'Ontario paie les experts en psychiatrie et psychologie médico-légale à un tarif horaire de 200 $ l'heure, sans limites d'heures. Le nombre d'heures doit cependant être préapprouvé, mais il est possible de négocier un surplus au besoin.

Rappelons que Magnotta a commencé à subir son enquête préliminaire le 11 mars. L'exercice est interrompu depuis jeudi, car il n'y avait plus de témoins disponibles à ce moment. 

L'enquête reprendra le 8 avril, pour environ une semaine. Au terme de l'exercice, la juge Lori Renée Weitzman devra décider s'il y a suffisamment de preuves pour citer l'accusé à procès. Si c'est le cas, le procès de Magnotta ne se tiendra pas avant janvier 2014, au mieux, car l'agenda du procureur de la Couronne, Louis Bouthillier, est plein pour 2013.  C'est ce que Me Bouthillier a fait valoir devant le juge Stober, vendredi.