Lin Diran avait été avisé de la nature de la preuve qui pouvait être présentée à l'enquête préliminaire de Luka Rocco Magnotta, accusé du meurtre de son fils. Le choc n'en a pas été moins brutal, hier matin, quand Caroline Simoneau, policière de l'identité judiciaire du Service de police de la Ville de Montréal, a commencé à témoigner.

M. Lin a éclaté en sanglots. La juge a décrété la pause du midi. M. Lin est sorti de la salle d'audience avec l'aide des deux avocats et de l'interprète qui l'assistent. Il n'est pas revenu en après-midi.

«Il a décidé de prendre l'après-midi. Il avait besoin de recul. Je suppose qu'il est avec sa femme et sa fille, a expliqué Me Daniel Urbas, en après-midi. Me Urbas paraissait lui-même très ému, hier.

Associé au cabinet Borden Ladner Gervais, Me Urbas a offert son aide à la famille du défunt Lin Jun de façon pro bono, c'est-à-dire gratuitement, pour le bien public. «On veut s'investir comme société. On est ici comme observateurs, pour leur expliquer le processus judiciaire, leur faire comprendre les étapes, leurs droits et leurs obligations, tels que l'obligation de confidentialité imposée par la Cour», a résumé Me Urbas.

Le corps démembré de Lin Jun, étudiant à l'Université Concordia, a été découvert à la fin du mois de mai dernier, à Montréal. Le père, la mère et la soeur de la victime sont arrivés de Chine il y a un peu plus d'une semaine pour la tenue de l'enquête préliminaire de Magnotta, qui a commencé lundi. Jusqu'à présent, seul le père est venu au palais de justice. «Il est ici pour honorer la mémoire de son fils et voir comment fonctionne notre système judiciaire», a expliqué Me Urbas.

Pas de huis clos

Au début de l'audience, hier, la juge Lori Renée Weitzman a rendu sa décision au sujet du huis clos demandé par la défense. Elle a refusé et décrété que l'exercice serait ouvert au public, comme c'est la règle. Une ordonnance de non-publication est déjà en vigueur sur l'enquête préliminaire et empêche de publier la preuve qui y est dévoilée. Me Luc Leclair, qui représente l'accusé, a tenté d'obtenir une ordonnance encore plus étendue, mais la juge a refusé.

Rappelons que M. Magnotta est accusé d'avoir tué Lin Jun avec préméditation. On l'accuse aussi d'avoir commis des outrages à son cadavre, d'avoir produit du matériel obscène, de s'être servi de la poste pour livrer du matériel obscène et de harcèlement envers Stephen Harper et les membres du Parlement.

Magnotta, 30 ans, reste toujours immobile dans le box des accusés. Hier, il semblait suivre avec attention le témoignage de Mme Simoneau. Comme cette dernière témoignait en français, un interprète s'est installé dans le box des accusés pour traduire ses propos à Magnotta, par l'entremise d'un système audio. Ils étaient séparés par une vitre.

Le procureur de la Couronne Louis Bouthillier continuera de faire défiler ses témoins aujourd'hui.