Paul Desmarais n'a pas influencé que ses contemporains. Les générations suivantes d'entrepreneurs ont aussi vu en lui une source d'inspiration.

«C'est un vrai mentor dans les services financiers. C'est un modèle qui donne énormément de confiance aux entrepreneurs du Québec», affirme Robert Frances, qui a fondé en 1992 le Groupe financier Peak, dont la valeur de l'actif sous gestion dépasse aujourd'hui les 6 milliards de dollars.

«Comme entrepreneur, quand on voit de grands empires comme ça, les Desmarais, les Marcoux, les Bombardier-Beaudoin, c'est inspirant parce qu'on se dit que c'est possible pour nous aussi», note François Lambert, fondateur d'Aheeva et d'Atelka et juge à l'émission Dans l'oeil du dragon.

«C'est sûr qu'on parle beaucoup de M. Desmarais chez nous», confirme Nathaly Riverin, directrice générale de l'École d'entrepreneurship de Beauce. Elle souligne néanmoins que le légendaire homme d'affaires était moins connu chez les plus jeunes.

«Je ne suis pas sûre que les jeunes sont conscients de l'envergure de son oeuvre et, malheureusement, c'est peut-être son décès qui va leur permettre de mieux connaître ce qu'il a accompli», dit-elle.

Ce n'est pas le cas de Pascal Pilon, qui a fait fortune en cofondant la firme technologique Averna en 1999. Il a été marqué par la lecture d'une biographie de Paul Desmarais.

«Je suis passé graduellement d'une passion de l'informatique à une passion de l'ingénierie financière, relate-t-il. Et Paul Desmarais, c'est l'histoire de l'opérateur qui s'est transformé graduellement en ingénieur financier. Pour un entrepreneur, il y a de grandes leçons à tirer de la façon dont il a bâti son empire. Avoir un holding de compagnies, un peu comme il l'a fait, c'est l'une de mes aspirations.»

Les entrepreneurs en série Eric Boyko et Alexandre Taillefer sont tous deux passés par le Centre d'entreprises et d'innovation de Montréal, mis sur pied dans les années 90 à l'initiative de la famille Desmarais.

«Une fois par année, Paul Desmarais venait visiter les entreprises qui logeaient au Centre et il nous disait s'il pensait que ce que nous faisions était bon ou pas, raconte M. Boyko. Pendant deux, trois mois, on travaillait comme des fous pour que nos produits soient parfaits. Pour nous autres, c'était comme le pape qui venait nous bénir... ou pas!»

Comme pour bien des entrepreneurs, le déclic s'est fait lorsque Eric Boyko était encore bien jeune. «Quand j'avais 15 ou 16 ans, tous mes amis aimaient les joueurs de hockey, mais mon rêve, c'était de devenir homme d'affaires, poursuit-il. Mon but, c'était de devenir comme M. Desmarais, les Dutil, les Coutu, les Beaudoin. Tout Québec inc. a motivé notre génération à se lancer en affaires.»

La première entreprise de M. Boyko, eFundraising.com, a profité d'une autre initiative de la famille Desmarais, la Société d'investissement jeunesse, créée en 1986 avec l'appui du gouvernement de Robert Bourassa. La firme de sécurité Garda et l'agence de publicité Sid Lee en ont aussi bénéficié.

Il y a quelques années, les rôles se sont inversés. MM. Boyko et Taillefer ont investi ensemble dans AppDirect, l'entreprise fondée par l'un des petits-fils de Paul Desmarais, Nicolas.

«Il y a quelque chose dans l'énergie de Nicolas qui est hors du commun, confie M. Taillefer. Je pense qu'il a vraiment la graine de l'entrepreneurship. On a tout de suite vu qu'il n'avait pas froid aux yeux. Je ne suis pas certain que ce soit génétique, je pense que ça découle de ce que ses parents lui ont enseigné, de l'énergie des gens qui l'entourent, du fait que les Desmarais sont des gens curieux.»