La résurrection du Christ sera célébrée de multiples façons en fin de semaine à Montréal. Des Grecs aux Philippins, en passant par les Éthiopiens, La Presse propose un autre week-end pascal...

Chez les Philippins

Les Philippins ont la réputation d'être des catholiques particulièrement fervents. Leur foi extrême les conduit parfois à des actes extrêmes, comme revivre la Passion de Jésus avec de vraies crucifixions. Aux Philippines, les autorités religieuses tentent de mettre fin à cette tradition sanglante, jugeant qu'il y a trop d'abus.

À Montréal, la communauté philippine n'est jamais allée aussi loin, mais elle donne quand même son 200 %. Oublions les deux semaines de préparation (incluant le lavage des pieds des fidèles, la bénédiction des malades et des handicapés et la reconstitution du chemin de croix) pour nous consacrer au week-end pascal à proprement parler.

Samedi soir, 20h, c'est la messe de la résurrection, avec « bénédiction du feu nouveau « et procession aux chandelles. Puis on lit la Bible et on chante l'exultet, en anglais (surtout) et en tagalog, la langue nationale des Philippines. Le tout se termine vers 22h.

Le lendemain, on remet ça vers 11h avec le Salubong, une tradition typiquement philippine qui consiste à reproduire l'annonce de la résurrection. Une statue de Jésus et une statue de la Vierge - recouverte d'un voile noir, deuil oblige - se rencontrent à l'arrière de l'église au terme d'une double procession. Les deux statues s'inclinent l'une vers l'autre. Une petite fille déguisée en ange retire le voile noir de Marie et le remplace par un voile blanc, symbole de lumière et de joie maternelle. Puis, les deux statues se retrouvent à l'avant, pour la fin de la messe. Finalement, tout le monde se retrouve pour le repas pascal, où chacun contribue avec des spécialités de sa région d'origine, dont le fameux lechon, ou cochon grillé.

La majorité des 25 000 Philippins de Montréal sont d'obédience catholique. Il y a donc plus d'une église pour la communauté. On vous suggère la Mission catholique Notre-Dame-des-Philippines, au 8500, boul. Saint-Laurent, pas loin de l'autoroute Métropolitaine.

Chez les Grecs

Pâques est l'une des fêtes les plus importantes du calendrier grec orthodoxe. Mais attention : si vous voulez assister aux cérémonies, il va falloir vous coucher tard!

Samedi soir, 20h, c'est la messe de la résurrection. Le prêtre lit des passages de l'Ancien Testament avant de disperser des feuilles de plantes vertes autour de lui, pendant qu'on fait exploser des pétards au fond de l'église (ils disent que c'est sécuritaire!). C'est le signe que le Christ est en train de renaître d'entre les morts. Vers 23h30, après les sermons, on éteint les lumières et les prêtres allument les chandelles de la résurrection. C'est l'heure de la procession (à l'intérieur) qui est suivie des matines et de la communion. L'opération peut durer jusqu'à 2h30 du matin... selon le nombre de fidèles. Dimanche à 11h, retour à l'église pour la messe de Pâques proprement dite. Un choeur masculin se charge des incantations, pendant que le prêtre prononce les Saintes Écritures dans toutes les langues. Après, c'est tout le monde à la maison pour la grosse bouffe, qui met fin au jeûne du samedi, observé par les plus « orthodoxes «. Le menu traditionnel inclut bien sûr l'agneau pascal, la brioche de Pâques (pasca) et les oeufs durs peints en rouge, pour symboliser le sang du Christ (vous les brisez les uns sur les autres en disant : « Le Christ est ressuscité! En effet, il est ressuscité! «). Si vous voulez pousser l'expérience gastronomique encore plus loin, essayez la magiritsa, une soupe spéciale de Pâques faite avec des épinards et les viscères de l'agneau. Mais entre vous et nous, ce n'est pas une obligation...

Pour le gâteau de Pâques grec, on vous suggère la pâtisserie Afroditi au 756, rue Saint-Roch. Pour les cérémonies, le quartier Parc-Extension compte deux lieux de culte particulièrement fréquentés : L'église de l'Annonciation (777, rue Saint-Roch) et l'église de la Dormition (7700, av. de l'Épée).

Chez les Éthiopiens

Une partie de la petite communauté éthiopienne de Montréal (moins de 1000 personnes) célèbre Pâques selon la tradition copte orthodoxe. Les rituels ne sont pas si différents de ceux de l'Église grecque, sauf pour le jeûne (pas de viande, pas de produits laitiers) que certains observent depuis 55 jours.

La messe de la résurrection débute samedi à 20h, avec des prières et des incantations. Comme le veut la coutume millénaire, tout le monde est habillé en blanc. Les chants - très exotiques - sont accompagnés du gros tambour traditionnel (le kebero) et, exceptionnellement pour ce service pascal, de deux instruments de percussion sacrés (le mekumia et le tsenasele) sorte de crécelles festives destinées à souligner la renaissance du Christ.

Vers 21h, on allume les chandelles de la résurrection, puis c'est la procession dans l'église, avec la croix copte, le livre saint et l'encens éthiopien. Quand tout est fini, on signe la fin du jeûne par un repas éthiopien qui inclut de l'agneau et la fameuse injera, la crêpe éthiopienne. Fait intéressant : les messes éthiopiennes se font en grande partie en ge'ez, une langue ancienne que même les Éthiopiens ne parlent plus. Église orthodoxe éthiopienne Tewahedo Medhanealem: 4020, Hingston (NDG).