Moins d'une personne sur 10 au Québec croit la version de Gilles Vaillancourt, maire de Laval, qui a soutenu ne jamais avoir offert d'argent à Serge Ménard et à Vincent Auclair quand ils étaient candidats à des élections provinciales dans les circonscriptions de son territoire.

Quand Jean Charest a déclaré à l'Assemblée nationale qu'il «croyait le député de Vimont (M. Auclair)» malgré le démenti vigoureux du maire Vaillancourt, il n'était pas seul.

 

Un coup de sonde réalisé par Opinion publique Angus Reid, sur l'internet, auprès de 802 personnes jeudi et hier révèle que seulement 8% des gens prêtent foi aux explications du maire Vaillancourt - la marge d'erreur est de 3,4 points de pourcentage. Près d'une personne sur deux, 47%, prête davantage foi à la thèse de Serge Ménard et de Vincent Auclair, qui ont soutenu que le maire leur avait offert de l'argent dans une enveloppe lors d'une réunion privée dans son bureau de l'hôtel de ville.

Les électeurs du Parti québécois, c'était prévisible, ont davantage tendance à appuyer les deux députés - les deux tiers des électeurs péquistes le font. Les libéraux sont le groupe le plus solidaire de M. Vaillancourt: 15% l'appuient. Fait intéressant, les répondants qui ont les plus hauts revenus, de plus de 100 000$ par année, appuient à 71% les deux dénonciateurs.

Selon le vice-président d'Angus Reid, Jaideep Mukerji, toute la controverse autour de la corruption municipale entretient le cynisme de la population à l'égard de ses élus, y compris ceux des villes. «On se souvient de accusations de Marc Bellemare envers M. Charest ou de Benoit Labonté à l'endroit de Gérald Tremblay. Dans un monde normal, on est innocent jusqu'à preuve du contraire, mais avec le climat politique actuel au Québec, c'est devenu l'inverse: on est coupable jusqu'à preuve du contraire.»

Un Québécois sur quatre ne croit plus personne dans cette histoire, tandis que 22% se disent indécis quand vient le temps de choisir entre des versions aussi contradictoires.

Les Lavallois plus cléments

Angus Reid a poussé l'enquête jusqu'à sonder l'opinion de 200 Lavallois; 2090 répondants ont été joints, ce qui hausse la marge d'erreur à 7 points de pourcentage. Les gens de Laval sont plus cléments à l'endroit de leur élu: 21% le croient, presque trois fois plus que ce qu'on observe dans l'ensemble de la population.

On remarque le même niveau d'appui pour la version de MM. Ménard et Auclair, 45% croient leur version à Laval. La différence vient des répondants qui ne croient «personne» dans cette histoire: 14% au lieu de 24% dans l'ensemble des répondants.

Toutefois, les deux tiers des résidants de Laval croient que Gilles Vaillancourt devrait quitter ses fonctions. De façon temporaire, le temps que la Sûreté du Québec termine son enquête, selon 30% des gens; de façon définitive, une «démission», souhaitent 35% des Lavallois.

Moins d'une personne sur trois à Laval (27%) estime que le maire devrait rester en selle à l'hôtel de ville. Et 15% des gens pensent qu'il devrait avant tout abandonner les menaces de poursuite qu'il a faites aux députés Serge Ménard et Vincent Auclair.