Le gouvernement Charest a maintenu la pression pour que le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, quitte temporairement ses responsabilités le temps que la police termine l'enquête qu'elle mène sur les événements dévoilés cette semaine par Serge Ménard et Vincent Auclair.



«Je crois le député de Vimont», a lancé sans appel le premier ministre Charest à l'Assemblée nationale, après que le maire Vaillancourt eut formellement nié les allégations de Vincent Auclair, élu libéral de Vimont. M. Auclair avait soutenu que le maire Vaillancourt lui avait tendu une enveloppe qui, clairement, contenait de l'argent liquide pour l'aider «dans une campagne difficile». Le candidat Auclair avait mordu la poussière lors de la partielle de juin 2002.

Pour M. Charest, «sur le plan politique, le maire de Laval aura, avec ses conseillers, à s'interroger sur le fonctionnement (de sa ville). Je suis sûr qu'il aura à réfléchir là-dessus (...) parce que c'est très sérieux, ce qui a été allégué», a-t-il soutenu en réponse à la chef péquiste Pauline Marois.

Ministre responsable de Laval, Michelle Courchesne soutenait en fin de journée: «Le maire Vaillancourt a une sérieuse réflexion à faire, c'est une position gouvernementale.» Elle atténuait ainsi les propos tenus la veille par son collègue de Chomedey, Guy Ouellette qui, au nom des députés libéraux de Laval, avait réclamé que le maire se retire «temporairement» le temps de l'enquête.

Pour Pauline Marois, le gouvernement Charest ne peut fuir ainsi ses responsabilités. Les allégations sont suffisamment «graves pour que le premier ministre demande au maire de Laval de se retirer temporairement, le temps de l'enquête. Ce n'est pas au maire de Laval de décider de cela», a-t-elle lancé.

La réplique de Jean Charest a été immédiate: «l'Assemblée nationale du Québec n'est pas un tribunal populaire, elle ne l'a jamais été. C'est un forum politique, mais n'est pas un tribunal populaire.» Aussi, il faut appliquer les lois, rien ne permet à Québec de destituer le maire Vaillancourt. Puisque la Ville fonctionne, Québec ne peut même pas la mettre en tutelle. «C'est pour ça qu'il y a des gens qui ont la responsabilité de faire des enquêtes, d'en tirer des conclusions», a soutenu M. Charest.

Pour le député péquiste Bernard Drainville, le geste allégué de Gilles Vaillancourt soulève une série de questions.

«L'argent qu'il y avait dans l'enveloppe, il venait d'où? Est-ce que le maire a servi d'entremetteur? Pourquoi a-t-il voulu corrompre le futur député Ménard et le futur député de Vimont? C'est pour répondre à toutes ces questions que ça prend une commission d'enquête, c'est pour ça que vous allez finir par nous la donner», a lancé Bernard Drainville.

Pour le PQ, Québec ne devrait pas hésiter à décréter la tutelle. «On parle maintenant d'une tentative de corruption de la démocratie. On parle d'une attaque au coeur de notre système démocratique. C'est votre responsabilité. Quand le gouvernement libéral va-t-il prendre la chose au sérieux et mettre en tutelle la Ville de Laval?» a réclamé Stéphane Bergeron, député péquiste de Verchères.

Pour le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, Québec est déjà à pied d'oeuvre à Laval, une vérification était déjà en cours sur l'attribution des contrats par la Ville. L'an dernier dans la foulée des controverses à Montréal, Québec avait annoncé qu'il multiplierait ces enquête aléatoires, sans dénonciation.

Les vérificateurs de Québec «vont regarder toute l'attribution des contrats, donc la gestion contractuelle à Laval, la vérification financière. Ils vont regarder tout l'aspect des déclarations d'intérêts pécuniaires», selon le ministre. Aussi ils rencontreront «chacun des élus municipaux pour faire la lumière. On est dans l'hôtel de ville de Laval, on s'occupe de l'administration de Laval», a-t-il conclu.

Construction

À l'issue d'une séance particulièrement longue du Conseil des ministre, Nathalie Normandeau, vice-première ministre, et Robert Dutil, responsable de la Sécurité publique, sont venus marteler qu'il n'était pas question d'enclencher une enquête publique sur l'industrie de la construction, en dépit de la volte-face annoncée en après-midi par la FTQ, désormais en faveur d'un tel exercice.

«Ce sont effectivement des actions de renseignement, d'intelligence, comme on dit parfois en anglais, qui vont nous permettre de faire les arrestations», a soutenu M. Dutil.

À l'époque, le ministre péquiste Serge Ménard avait résisté à la tentation de déclencher une enquête sur les motards criminels que réclamaient tous les groupes organisés. «Les motards faisaient la loi et le désordre. L'opération Carcajou a amené 500 arrestations, et les Hells Angels attendent aujourd'hui en prison», a lancé M. Dutil en fin de journée.

«Il y a un an, quand la direction du Canadien a échangé Halak, elle n'aurait pas survécu à des élections. Maintenant tout le monde constate le succès de Price», a illustré M. Dutil.