Le gouvernement fédéral augmente de 30% le financement des soins pour les problèmes croissants de santé mentale dans les Forces armées canadiennes. Ottawa investira 11,4 millions supplémentaires par année afin de réduire le temps d'attente pour recevoir des soins.

La Presse a levé le voile mercredi sur une étude des forces armées rapportant qu'un soldat sur huit déployé lors de la guerre en Afghanistan avait reçu un diagnostic de trouble de santé mentale à son retour à la maison. En fait, sur les 40 000 militaires ayant servi lors de cette mission, un tiers ont demandé à recevoir de l'aide psychologique.

Ces données permettent d'évaluer qu'au moins 5400 vétérans de la guerre en Afghanistan éprouvent aujourd'hui un problème de santé mentale.

La forte demande pour les services d'aide psychologique a poussé l'armée à augmenter substantiellement le financement des soins en santé mentale. Le ministère de la Défense fera passer l'enveloppe destinée à ces soins de 38,6 millions à 50 millions annuellement.

«Cet argent permettra d'améliorer les programmes des Forces canadiennes en matière de soins de santé mentale, qui sont déjà très solides, et de veiller à ce que les militaires continuent de recevoir les meilleurs soins possible, et ce, peu importe où et quand ils servent», a indiqué le ministre de la Défense, Peter MacKay.

Actuellement, 378 professionnels de la santé mentale travaillent dans les Forces canadiennes. Leurs rangs devraient gonfler au cours des prochaines années pour atteindre

447 employés à terme. Ceux-ci incluent tant les psychiatres et les psychologues que les infirmiers et les conseillers.

L'objectif principal est de réduire le temps d'attente pour assurer les soins aux militaires touchés par un syndrome de stress post-traumatique (TSPT) dans les 26 cliniques spécialisées en santé mentale du pays. «Il est toujours possible de faire mieux, et je concentre mes efforts à m'assurer que nous atteindrons cet objectif», a indiqué le ministre MacKay.

Une étude de 2002 menée par les Forces armées canadiennes indiquait que les soldats attendaient en moyenne cinq ans et demi avant de rapporter leurs problèmes psychologiques.

La prévalence de ces types de problèmes a beaucoup augmenté en raison du conflit afghan. En 1997, l'armée avait évalué que 2,5% des soldats qui avaient pris part à la première guerre du Golfe en étaient revenus traumatisés. La proportion de soldats affectés par le conflit afghan est cinq fois plus importante, notamment en raison de la violence des combats.

Plusieurs chiffres contradictoires circulent aux États-Unis sur la prévalence des troubles de santé mentale liés aux conflits armés. En mai dernier, une étude épidémiologique publiée dans la prestigieuse revue Science indiquait que seulement 4,3% des vétérans d'Irak et d'Afghanistan ont souffert de TSPT ou de dépression. La proportion augmentait à 7,6% chez les soldats directement exposés aux combats. Une autre étude américaine réalisée en 2008 a pour sa part évalué que 19% des vétérans d'Irak et d'Afghanistan ont rapporté des troubles psychologiques. Lors de la guerre du Viêtnam, de 1964 à 1975, 30% des soldats américains revenus au pays auraient éprouvé des problèmes de santé mentale.