François Sauvé

François Sauvé

Âge: 34 ans

Grade: major

Fonction: commandant du 52e escadron de génie de combat, 5e régiment du génie de combat

Son expérience en Afghanistan: Le major a fait deux tours en Afghanistan: d'abord en 2005, puis entre novembre 2010 à juillet 2011. Il était c ommandant de l'escadron d'ingénieurs avec le groupement tactique du premier bataillon du Royal 22e Régiment.

C'est une certitude pour François Sauvé. «Les Forces canadiennes, en général, oui, on est des forces armées. On défend les intérêts du Canada. Mais on va donner une meilleure vie à la population», dit-il.

Le major Sauvé nous reçoit dans son bureau de Valcartier. D'entrée de jeu, il nous explique le fait d'armes de l'escadron placé sous son commandement: la construction d'une route de 18 km dans la corne de Panjwayi, fief historique des talibans.

À son arrivée en Afghanistan, à l'automne 2010, le territoire de cette région agricole est toujours occupé par les insurgés. «On s'est dit qu'on allait améliorer la route, faire une route asphaltée pour que les agriculteurs puissent transiter jusqu'à Kandahar.»

Il a fallu six mois pour la bâtir. Un chemin parsemé d'obstacles, mais surtout de petites victoires. La plus notable d'entre elles: après la route, les insurgés se sont faits plus discrets.

«Au fond, une famille ne veut pas grand-chose. Vivre en paix, avoir de quoi manger, envoyer ses enfants à l'école. Ça fait combien de décennies, là-bas, qu'ils n'ont pas vécu dans la paix?», s'interroge-t-il.

La vie quotidienne reprend peu à peu le dessus à Kandahar, croit le major. Il a fait son premier tour en 2005, lorsque les Canadiens ont quitté Kaboul pour Kandahar.

Son deuxième départ vers l'Afghanistan a été assombri par la mort du major Yannick Pépin, en septembre 2009. Son ami occupait les mêmes fonctions que lui. «On passe à travers», dit-il, sans s'épancher.

Entre ces deux tours, il mesure le changement. «Avant, entre l'aéroport et la ville de Kandahar, il y avait des bombes tous les jours. Mais en huit mois, il n'y a rien eu», souligne-t-il. Aujourd'hui, certains quartiers se repeuplent doucement. Une petite économie locale se forme.

Et le major ne doute pas de faire une différence. «Pour se déployer, il faut un but à atteindre. Je crois que oui, je peux faire une différence. Quand je regarde la différence en huit mois, je crois que ça valait la peine de se déployer.»

Cette année encore, les insurgés ont repris la saison du combat après la récolte du pavot. Mais moins qu'avant, dit-il. C'est l'armée afghane qui assure la sécurité, plutôt que les talibans ou les seigneurs de guerre.

«Je suis revenu au Canada avec le sentiment qu'on a accompli beaucoup là-bas en huit mois. Si on pense changer une société, ce n'est pas possible. Mais si on regarde tout le travail qu'on a fait, c'est beaucoup», dit-il.