Martin Saint-Amant

Martin Saint-Amant

Âge: 26 ans.

Grade: capitaine

Fonction: commandant adjoint, 53e escadron, 5e régiment du génie de combat

Son expérience en Afghanistan: Il a été déployé à Kandahar, sur la base de l'otan, en Afghanistan de novembre 2010 à juillet 2011. Il était commandant de l'équipe de neutralisation d'explosifs.

Comprendre les bombes artisanales, c'est son métier. Ingénieur de combat, le capitaine Saint-Amant a passé neuf mois en Afghanistan à enquêter sur les bombes artisanales cachées dans les villages et sur les routes. Un travail de l'ombre, peu montré aux journalistes, pour des raisons de «sécurité opérationnelle», dit-il.

En Afghanistan, il a dirigé une équipe de cinq personnes qui répondait aux alertes reçues pour des bombes artisanales. Une réalité qui pourrait s'apparenter à celle décrite dans le film The Hurt Locker (Le démineur), de Kathryn Bigelow, mais pour des engins explosifs. «Ça explique notre travail, mais c'est Hollywood. C'est un feu d'artifice, pas notre réalité.»

Une fois la bombe repérée et désamorcée, il s'agit de comprendre pourquoi elle a été cachée là. La rue habituellement passante était-elle déserte au moment où l'engin a été repéré? Les villageois étaient-ils au courant? «Ça nous donne des indices sur le soutien de la population», explique-t-il.

Autre façon de repérer des indices sur le soutien de la population locale à l'insurrection: les enfants. «On regarde la réaction des enfants à notre passage, s'ils nous font des bye-bye ou s'ils nous lancent des roches.»

En neuf mois, son équipe a reçu 70 appels pour des bombes. «Des fois, ce sont des vraies, des fois, ce sont des fausses.» Le tiers de ces alertes a été concentré en un seul mois. Mais ce nombre reste dans la moyenne des équipes précédentes. «Le nombre de bombes n'a rien à voir avec la capacité des insurgés à mener leurs actions. Cela ne dit rien de la qualité de l'insurrection», relativise M. Saint-Amant.

Le capitaine raconte ce quotidien avec tout le sang-froid dont on imagine capable un ingénieur doublé d'un militaire. «En tant qu'ingénieur de combat, le travail avec des explosifs fait partie de mon métier. Mais on sent la pointe de l'épée au-dessus de nos têtes.»

L'Afghanistan a aussi défini la carrière militaire de Martin Saint-Amant; il est entré dans les Forces la semaine du 11 septembre. Il se souvient aussi de sa première visite au World Trade Center, en mai 2001. «Dix ans plus tard, je me retrouve en Afghanistan en partie à cause de cet édifice qui s'est effondré. J'étais dans un édifice dont je ne savais pas qu'il changerait le cours de l'histoire», dit-il.

Ironiquement, la mort d'Oussama ben Laden, en mai 2011, est passée presque inaperçue en Afghanistan. «On savait que ce ne serait pas la fin de la guerre.»

Mais le capitaine Saint-Amant a vu des progrès au cours de son passage en Afghanistan, un pays pour lequel ce voyageur a eu un coup de coeur.

«Dans toute insurrection, on doit détacher les insurgés de la population locale. Il suffit de poursuivre sur cette voie-là», croit-il.