Les écoles de Kandahar qui ont été construites ou rénovées grâce à l'aide financière du gouvernement canadien comptent beaucoup moins d'élèves que ne l'indiquent les données des inscriptions officielles.

Une enquête de La Presse Canadienne menée dans les écoles de Kandahar où les travaux ont été complétés a permis de déceler un contraste entre la réalité sur le terrain et ce qui apparaît dans les documents officiels.

En fait, le registre du gouvernement de Kandahar fait état de milliers d'écoliers de plus que le nombre réel d'étudiants dans les classes des écoles financées par le Canada dans la province.

Cette constatation remet en question l'efficacité de l'un des projets légués par le gouvernement canadien dans le sud de l'Afghanistan.

La construction, l'agrandissement ou la rénovation de 50 écoles dans la province de Kandahar est l'un des trois «projets de premier plan» annoncés par Ottawa au printemps 2008 dans le but de fournir un élément de plus pour évaluer les bienfaits de la mission canadienne en Afghanistan. Le Canada mettra un terme à ses opérations de combat en Afghanistan en juillet.

Mais malgré ces efforts, des signes clairs montrent que la volonté d'augmenter le nombre d'enfants afghans à l'école, en particulier les filles, dont les droits étaient inexistants sous les talibans, n'a pas porté ses fruits.

Le ministère de l'Éducation de Kandahar affirme que plus de 52 000 élèves sont inscrits dans les écoles où les travaux ont été terminés. Selon le ministère, les élèves sont partagés à parts égales entre garçons et filles.

Toutefois, selon des données fournies par les directeurs des écoles lors de visites dans ces établissements, environ 36 000 étudiants y sont inscrits, soit 16 000 de moins que les chiffres officiels. Selon ces données, environ les deux tiers des élèves sont des garçons.

Un dénombrement des écoliers présents dans ces écoles montre un total encore moins élevé. Au cours de visites échelonnées sur une semaine, La Presse Canadienne n'a en effet compté que quelque 19 000 écoliers, des garçons pour la plupart, soit 33 000 élèves de moins que les données du gouvernement.

Ces visites ont été effectuées dans chacune des 29 écoles financées par le gouvernement canadien où des travaux de construction, d'agrandissement ou de rénovation ont été réalisés au cours des deux dernières années et demi. Les travaux dans les autres écoles sont sur le point d'être complétés.

L'Agence canadienne de développement international (ACDI), aux premières lignes dans les projets d'aide en Afghanistan, a expliqué que les données du gouvernement indiquaient la capacité d'accueil des écoles, et non pas le nombre d'élèves se rendant en classe.

«L'engagement du Canada en 2008 était d'accroître l'accès aux services d'éducation et la qualité de ces derniers», a indiqué le porte-parole Adam Sweet dans un courriel.

«Augmenter le nombre d'élèves régulièrement présents à l'école exige des efforts et des améliorations à long terme à la sécurité générale et aux contextes culturel et économique qui ont du poids dans la décision d'une famille d'envoyer ses enfants à l'école.»

Quoi qu'il en soit, il est difficile de savoir de quelle manière l'argent provenant du financement canadien a été dépensé dans certaines des écoles. Bien que certains établissements paraissent neufs, plusieurs autres semblent tomber en ruines.

Selon des représentants canadiens, les travaux dans les 50 écoles concernées par l'initiative du gouvernement du Canada seront complétés d'ici l'été.