La paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté semble bien loin cette année en Afghanistan, et paraît aussi distante pour les soldats canadiens qu'elle l'était lorsque des militaires ont célébré leur premier Noël dans les ruines de ce pays fragilisé il y a près de sept ans.

Le 25 décembre devrait se dérouler comme tous les autres jours, avec les ordres et les patrouilles de routine le long de routes piégées dans des villages en terre battue qui n'ont que peu changé depuis le début de l'ère chrétienne.

Il y a néanmoins quelques symboles de réjouissance - ici et là, des décorations ornent les murs de l'aérodrome de Kandahar.

Le jour de Noël, des célébrités serviront sans doute le repas aux militaires canadiens, comme elles l'ont fait les années précédentes. Mais cela n'est jamais la même chose que de se retrouver chez soi. Tous s'entendent pour dire que l'éloignement se fait plus difficile en cette période de l'année, d'autant plus qu'il s'agit du dernier temps des Fêtes pour les troupes canadiennes sur la ligne de front à Kandahar.

«Je crois que ce qui est triste, c'est que Noël est une fête familiale», a lancé la caporale-chef Deborah Yaxley, originaire de Saint-Bruno, en banlieue de Montréal. C'est elle qui cuisine habituellement le repas de Noël pour sa famille élargie.

La distance entre elle et son conjoint, l'adjudant Mario Émond, n'est pas aussi importante que dans d'autres familles. Ils sont tous deux en poste à Kandahar, mais les circonstances les maintiendront éloignés l'un de l'autre le jour de Noël.

Aucun des deux époux ne pourra non plus passer du temps avec le fils de l'adjudant Émond, Alex, âgé de 20 ans, qui est membre d'une unité de combat à Panjwaï, à l'ouest de Kandahar.

Même s'ils se rencontraient, la stricte politique de non-fraternisation signifie qu'ils ne pourraient s'étreindre ni se faire la bise pour souligner les Fêtes.

Il s'agit d'un second mariage pour les deux époux, qui ont trois autres enfants au pays, sous la garde de leur ex-conjoint respectif. «Ils sont entre bonnes mains», laisse tomber Mme Yaxley. «Je m'inquiète seulement pour Alex.»

Le soldat Alexandre Émond suit les traces de son père, un militaire de carrière membre du Royal 22e, et celles de son grand-père, qui faisait partie du même régiment.

Les soldats ont commencé à recevoir des paquets, petits «objets de confort» comme la couverture préférée, des gants et d'autres présents très personnels, tous méticuleusement expédiés des semaines à l'avance par des proches.

Malgré tout, le souvenir de centres commerciaux brillamment éclairés et d'excès de cadeaux est bien lointain ici en Afghanistan, où les enfants démunis se disputent des bouts de papier et des stylos donnés par les militaires.

Pour la caporale-chef Yaxley, la réflexion personnelle de chacun dans la période de Noël est d'une certaine façon plus profonde, lorsqu'une personne est exposée à cette misère.

Si vous regardez attentivement, vous pouvez saisir un indice des réjouissances de cette époque de l'année sous les turbans pachtounes, dans les visages ridés des Afghans des campagnes. Cette impression est toutefois tempérée par la vue des AK-47 et la constante peur des mines dissimulées au bord des routes, ainsi que par la vision d'un pays musulman en guerre contre lui-même.

Dans un spartiate avant-poste situé près de Fathullah, un sapin artificiel se dresse fièrement, cadeau de l'épouse d'un soldat. Le caporal-chef montréalais Stéphane Gélinas a indiqué que l'arbre resterait allumé, tel un symbole d'espoir. La nuit, les autres soldats canadiens des bases avoisinantes pourront donc l'apercevoir.