Le dernier groupe de combat canadien à Kandahar est désormais officiellement sur le terrain. Son commandant aura une poigne de fer, mais il espère faire usage d'un gant de velours auprès de la population épuisée par la guerre dans cette province.

Le commandement a été remis samedi au 1er bataillon du Royal 22ième régiment, qui a pris la relève du Régiment royal canadien, en activité pendant les sept derniers mois.

Le lieutenant-colonel Michel-Henri Saint-Louis, qui commandera les troupes jusqu'à la fin de la mission de combat, en juillet, a déclaré ne pas être sûr que l'accalmie de la violence soit liée à l'approche de l'hiver -ou si les talibans ont subi une importante défaite. Lors d'un déploiement précédent, l'homme a passé du temps à Kaboul en tant que membre d'une équipe militaire qui conseillait le gouvernement afghan sur les méthodes pour reconstruire une fonction publique en lambeaux.

Des années de guerre ont endurci les soldats canadiens et les ont rendus méfiants face aux habitants, un état d'esprit que le lieutenant-colonel Saint-Louis a soutenu devoir changer.

«À la fin de la journée, tous les Afghans ne sont pas nos ennemis et j'ai tenté d'instiller cela auprès de mes troupes avant d'arriver ici», a-t-il dit lors d'une entrevue avec La Presse Canadienne.

«L'Équipe de planification stratégique m'a montré qu'il existe des Afghans qui désirent un meilleur avenir et qui ont connu un meilleur passé.»

Affable et courtois, le lieutenant-colonel Saint-Louis semble parfaitement en phase avec la stratégie de l'OTAN pour convaincre les Afghans récalcitrants, spécialement après un long été ensanglanté par les combats.

Le commandant sortant de l'équipe canadienne de mentorat, le colonel Ian Creighton, a indiqué vendredi que la colonne vertébrale de l'insurrection avait été brisée par l'offensive de l'OTAN menée cet automne en banlieue de Kandahar.

Le lieutenant-colonel Saint-Louis a précisé qu'il réservait son jugement jusqu'au printemps, où surviennent traditionnellement les combats.

Entre-temps, il a ajouté que le groupe de bataille se consacrera à établir une relation de confiance avec les villageois des districts de Panjwaï, de Dand et de Daman, afin de profiter du ralentissement relatif des combats.

Pour le lieutenant-colonel Conrad Mialkowski, le commandant précédent du groupe de combat, il y aura sans doute encore de rudes batailles à venir, mais l'armée nationale afghane, dont les effectifs devraient passer de 134 000 à 260 000 hommes d'ici quelques années, devrait pouvoir porter une plus grande part du fardeau. Celle-ci souffre cependant d'un manque d'unités spécialisées, telle que de l'artillerie, du soutien aérien et le génie.