Mécontent que le gouvernement conservateur ait négocié en catimini avec les libéraux de Michael Ignatieff pour prolonger la mission des militaires canadiens en Afghanistan, le Bloc québécois forcera la tenue d'un débat et d'un vote en Chambre sur la question.

«M. Harper avait promis que tout déploiement de militaires hors des frontières serait fait après un vote en Chambre, a souligné hier le chef bloquiste, Gilles Duceppe. On veut que ces gens-là se prononcent et s'expliquent. Le but, c'est de démontrer clairement que les conservateurs ont renié leur parole, et que les libéraux en sont complices.»

Le Bloc québécois utilisera ainsi sa journée de l'opposition, jeudi, pour forcer les partis représentés à la Chambre des communes à tenir un débat sur la prolongation de la mission canadienne jusqu'en 2014, confirmée par le premier ministre Harper la semaine dernière, pour assurer la formation des soldats de l'armée afghane. Le vote sur la motion, dont l'issue est prévisible compte tenu de l'appui déjà annoncé du Parti libéral, devrait avoir lieu soit jeudi en soirée, soit au début de la semaine prochaine.

Ignatieff ouvert à un débat

De passage à Montréal, où il a rencontré les élèves du collège Dawson, le chef du Parti libéral s'est dit ouvert à la tenue d'un vote en Chambre et a défendu la prolongation de la mission en Afghanistan jusqu'en 2014. «Je crois qu'il y a une unité au sein du caucus. C'est une décision difficile pour tous les Canadiens, a dit Michael Ignatieff. Le NPD et le Bloc disent qu'on peut s'en aller sans conséquence. Nous, on dit qu'il y a des conséquences.»

«Si on fait un débat public comme ça, nous sommes très clairs: il n'y a pas de mission de combat, a-t-il ajouté. Je crois que c'est la bonne ligne, car cela aide le Canada à faire la seule chose importante: créer la possibilité pour les Afghans de se défendre.»

En Chambre, le leader du gouvernement conservateur, John Baird, a jugé qu'un vote n'était pas nécessaire, puisqu'il ne s'agissait pas d'une mission de combat, mais bien d'une mission «technique et de formation», qui, selon lui, ne nécessite par l'aval des parlementaires.

Opposé à la prolongation de la mission, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, a lui aussi appuyé la tenue d'un vote en Chambre, critiquant au passage la décision du chef libéral de soutenir le gouvernement conservateur.

«M. Ignatieff démontre un manque de leadership sur ce dossier, a dit M. Layton. Il a dit qu'il ne rejette pas un vote, mais il ne va pas le proposer. C'est son rôle comme chef de l'opposition de faire quelque chose là-dessus. S'il abandonne son rôle, nous pouvons l'assumer.»