Le gouvernement Harper tient mordicus à ce que la mission de combat à Kandahar des quelque 3000 soldats canadiens prenne fin comme prévu en juillet 2011. Mais il envisage maintenant de maintenir en Afghanistan un contingent de soldats pendant trois ans de plus afin de former les troupes afghanes.  



Le nombre de soldats pourrait atteindre 600 militaires, selon des informations qui circulaient dimanche soir, et ils seraient postés à Kaboul, capitale de l'Afghanistan, loin des tirs des insurgés talibans. L'OTAN, qui chapeaute la mission dans l'ensemble de l'Afghanistan, aurait besoin d'environ 900 soldats pour mener à bien la formation des troupes afghanes.

Le premier ministre Stephen Harper doit prendre une décision finale à ce sujet avant la tenue du sommet de l'OTAN qui aura lieu à Lisbonne, au Portugal, les 19 et 20 novembre, selon des informations obtenues dimanche.

Au cours des derniers mois, des pays alliés de l'OTAN ont accentué la pression sur le gouvernement Harper pour qu'il revienne sur sa décision de retirer les quelque 3000 soldats canadiens de Kandahar à partir du 1er juillet 2011.

Les États-Unis et la France, entre autres, souhaiteraient vivement que le Canada maintienne un contingent de soldats en sol afghan afin de poursuivre la lutte contre les insurgés talibans.

Mais Stephen Harper a résisté à ces pressions venant des pays alliés. Le maintien de soldats canadiens pour former les forces afghanes serait un compromis. Mais il serait hors de question qu'ils aillent au front avec les troupes afghanes dans le cadre de cette formation.

Chose certaine, la date de retrait des troupes canadiennes de Kandahar est une décision irrévocable pour le premier ministre. M. Harper discute actuellement avec les libéraux de Michael Ignatieff sur les intentions du Canada en Afghanistan une fois la mission militaire terminée.

Et il compte mettre sur papier les intentions du Canada avant de se rendre au sommet de l'OTAN qui traitera en priorité de l'avenir de la mission en Afghanistan. Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a informé son vis-à-vis libéral, Bob Rae, des intentions du gouvernement conservateur en fin de semaine.

«Depuis plusieurs mois, nous avons eu beaucoup de pressions de la part des alliés de l'OTAN pour prolonger la mission de combat en Afghanistan. Mais le premier ministre ne modifiera pas d'un iota la position du gouvernement, comme le veut la résolution adoptée par le Parlement en 2008 qui prévoit la fin de la mission militaire», a confirmé une source digne de foi.

Rôle humanitaire

Une fois la mission militaire terminée, le gouvernement Harper veut donc mettre l'accent sur l'aide humanitaire, le développement et la formation des forces de l'ordre afghanes dans la région de Kaboul. Le ministre de la Défense, Peter MacKay, a confirmé dimanche à Halifax que le gouvernement étudie cette option.

En juin, le chef libéral Michael Ignatieff avait proposé de maintenir un certain nombre de soldats en Afghanistan pour former des militaires et des policiers afghans. M. Ignatieff avait alors affirmé que cette option était dans l'intérêt du Canada, car si les Afghans n'ont pas la formation nécessaire pour assurer leur propre sécurité, le pays pourrait bien redevenir une base à partir de laquelle Al-Qaïda pourrait se reconstruire et ourdir des attaques contre les démocraties occidentales.

Chose certaine, Stephen Harper estime que le Canada a fait plus que sa part en Afghanistan. Depuis l'arrivée des soldats canadiens dans ce pays ravagé par des années de guerre, en 2002, 152 militaires, deux travailleuses humanitaires, une journaliste et un diplomate canadiens ont perdu la vie. La mission a coûté près de 10 milliards de dollars jusqu'ici aux contribuables.

Dimanche, le député bloquiste Claude Bachand a soutenu que le Bloc québécois exige la fin de la mission militaire en 2011. Mais il souhaite que le Canada joue un rôle humanitaire après la fin de cette mission.

«Je suis à la veille d'un départ pour Varsovie afin de participer à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN où je risque d'avoir les mêmes pressions avec la délégation canadienne. Si M. Harper veut des alliés au Canada pour mettre fin à la mission de combat en juillet 2011, tel que le propose la motion adoptée par la Chambre des communes en 2008, il peut compter sur le Bloc Québécois», a dit M. Bachand.

M. Bachand a rappelé que le comité spécial sur la mission en Afghanistan étudie actuellement le rôle que pourrait jouer le Canada après 2011.

Pour sa part, le NPD a accusé le gouvernement Harper et le Parti libéral de négocier en secret le maintien de troupes en Afghanistan.

«Il semble bien que MM. Harper et Ignatieff ont des discussions secrètes pour prolonger la mission militaire. Nous avons besoin de leadership sur les prochaines étapes à suivre en Afghanistan, mais nous avons les même idées éculées. Notre position est claire. La mission militaire doit prendre fin et on doit mettre l'accent sur la diplomatie, le développement et la gouvernance, comme le stipule la motion qu'a adoptée le Parlement», a affirmé le député Paul Dewar.