Sans tambour ni trompette, les troupes canadiennes ont remis le commandement de la ville de Kandahar à leurs collègues américains, jeudi, après quatre années de supervision.

Les États-Unis ont récemment pris la décision d'y déployer des renforts, ce qui a changé la dynamique entre les acteurs dans la région, cause principale de ce changement de garde.

La nouvelle structure de commandement découpe la province de Kandahar en trois régions distinctes, chacune associée à une formation de la taille d'une brigade.

Le Canada prendra la direction d'un groupe militaire situé au sud et à l'ouest de la ville de Kandahar, plus précisément dans les districts de Dand, de Daman et de Panjwaii.

La région de Penjwaii, en particulier, demeure un obstacle de taille dans la campagne des militaire canadiens contre les forces d'insurrection. Il s'agit de l'un des lieux de naissance du mouvement taliban.

Le commandant de la Force opérationnelle à Kandahar, le brigadier-général Jonathan Vance, affirmait récemment dans une entrevue qu'il s'agissait là d'une décision sensée. Selon lui, il sera bénéfique pour les militaires canadiens de pouvoir se concentrer sur une seule région, afin de pouvoir surmonter les défis tactiques rencontrés et en arriver à des résultats tangibles.

Le brigadier-général a estimé que cette stratégie devrait «faire en sorte que des districts et des villages puissent commencer à reprendre du poil de la bête».

Il y a deux semaines, le Canada a aussi remis aux troupes américaines le commandement des districts de Zhari et d'Arghandab.

Ce changement de garde était prévu et est finalement survenu en toute discrétion, sans cérémonie. Le brigadier-général Vance et d'autres officiers avaient déjà mentionné la modification imminente à la structure de commandement au cours d'entrevues avec la presse.

Le Canada compte plus de 2700 militaires en Afghanistan. La nouvelle organisation des troupes de l'OTAN dans la province de Kandahar devrait réduire leur dispersion sur le territoire.

M. Vance a affirmé qu'environ 350 de ces soldats iront prêter main-forte aux opérations civiles, comme celles de l'équipe de reconstruction provinciale et de l'ambassade du Canada à Kaboul.

Le chef d'état-major de la Force opérationnelle à Kandahar, le lieutenant-colonel Craig Dalton, a affirmé aux journalistes, tard jeudi, que le changement structurel avait fait l'objet d'une «transition graduelle» amorcée à l'arrivée des renforts américains.

«Ça a une grande portée dans la mesure où l'on était dans cette ville depuis plusieurs années», a commenté M. Dalton. «Ce changement est d'autant plus important qu'il nous permet de concentrer nos forces sur une zone d'opération plus restreinte et d'en arriver à des résultats.»