Le congédiement soudain du commandant des Forces armées canadiennes en Afghanistan, imputable à «une présumée incartade amoureuse avec une subordonnée», a semé l'incrédulité au sein des soldats, dimanche, qui se demandaient ce qu'il était advenu de leur leader au moment où la guerre atteint un point crucial.

L'étonnante accusation à l'effet que le brigadier-général Daniel Ménard ait été impliqué dans une relation intime avec une femme membre de son personnel, en mission, a apporté un court moment de distraction à la sinistre réalité du conflit.

Un jeune soldat canadien a écarquillé les yeux en apprenant la nouvelle avant de faire savoir qu'il ne voulait pas discuter de la question.

Un autre s'est fait pour le moins concis.

«C'est si triste», a déclaré le soldat, qui a refusé de s'identifier. «J'aime autant ne pas en parler.»

Ménard, dont la carrière jadis spectaculaire avec les Forces canadiennes s'était amorcée il y a 26 ans, a été démis de ses fonctions en Afghanistan après que les autorités militaires canadiennes eurent appris qu'il était impliqué dans une relation personnelle avec une femme.

Ménard s'est joint aux Forces armées en 1984. Après avoir complété sa formation de base des officiers, il a été muté au 3e bataillon du Royal 22e Régiment à titre de commandant de peloton.

Il a rapidement gravi les échelons, servant son pays en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Boznie-Herzégovine et en Haïti avant de s'envoler pour l'Afghanistan en novembre. Il devait y demeurer à titre de commandant des Forces canadiennes jusqu'à l'automne.

Selon Jack Granatstein, un historien militaire et chargé de recherche à l'Institut de la Défense canadienne et des Affaires étrangères, les allégations qui pèsent sur Ménard auront un effet dévastateur sur un jeune et prometteur membre des forces militaires canadiennes.

«Il était très doué», a confié M. Granatstein lors d'une entrevue donnée de Toronto. «Maintenant, nous avons probablement, devant nous, la fin d'une carrière.»

M. Granatstein est d'avis que l'accusation contre Ménard n'est pas le reflet d'un problème plus important parmi les hauts gradés militaires, et qu'elle fait du tort à Ménard et non à l'ensemble des forces militaires.

Ménard, qui n'a pu être joint pour discuter des allégations, fait maintenant l'objet d'une enquête de la part du Service national des enquêtes des Forces canadiennes.

Par ailleurs, Ménard a reçu l'ordre de se rapporter aux quartiers généraux du ministère de la Défense nationale à Ottawa.

Les Forces armées canadiennes appliquent des règlements sévères concernant les relations émotionnelles, romantiques et sexuelles entre ses membres. Les civils postés à la base aérienne de Kandahar sont soumis aux mêmes règles.

La démotion de Ménard survient au moment où les Forces canadiennes préparent une opération estivale dont l'objectif est de chasser les talibans de bastions des insurgés, dans le sud de l'Afghanistan.

Le brigadier-général Jon Vance, qui a déjà commandé les Forces canadiennes en Afghanistan, prendra la relève d'ici une semaine.

Ménard est ainsi devenu le deuxième haut gradé des forces armées canadiennes à être démis de ses fonctions cette année.

Le colonel Russell Williams, ancien commandant à la base des Forces canadiennes de Trenton, en Ontario, a été limogé après avoir fait l'objet d'accusations criminelles en lien avec la mort de deux femmes. Williams est aussi soupçonné d'agressions sexuelles à l'endroit de deux autres femmes et de dizaines introductions par effraction.