Le gouvernement et l'opposition à Ottawa continueront leurs négociations jusqu'à vendredi pour éviter une crise parlementaire.Ils doivent trouver un compromis sur la manière dont le Parlement examinera des documents gardés secrets jusqu'ici. Les documents portent sur le transfert aux autorités afghanes de détenus capturés par les militaires canadiens.

Le président de la Chambre des communes, Peter Milliken, leur avait donné jusqu'à ce mardi pour trouver le compromis, sinon il permettrait à l'opposition de déposer une motion qui pourrait conduire à des accusations d'outrage au Parlement pour trois ministres. Le premier ministre Stephen Harper aurait alors pu choisir de se sortir du bourbier en déclenchant des élections.

Le report de la date d'échéance est un bon signe, selon le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, qui participe aux négociations.

«Ça illustre le fait qu'il y a une volonté des quatre partis de trouver une solution,» a-t-il souligné à sa sortie de la réunion du mardi matin. Mais cette volonté a aussi une date d'échéance, d'après lui, puisqu'il a ajouté: «Si vendredi, à mon sens, il n'y a pas d'entente, il n'y en aura pas.»

On s'est déjà entendu pour former un comité de parlementaires qui examineront tous les documents. Mais quand viendra le temps de décider si un document peut être rendu public, l'opposition veut que ce soit ces parlementaires qui prennent la décision, alors que le gouvernement réclame un droit de veto ou, sinon, l'intervention d'un tiers, peut-être un juge.

Ce sont là des options inacceptables pour l'opposition.

«Pourquoi le président (de la Chambre) a-t-il rendu cette décision? Pourquoi avons-nous besoin de voir ces documents? C'est pour exercer notre rôle et notre devoir constitutionnel d'obliger le gouvernement à rendre des comptes,» a rappelé le néo-démocrate Jack Harris qui a parti ce bal en déposant sa question de privilège aux Communes.

«Il est inutile de voir les documents si, lorsque vient le temps de les utiliser pour obliger le gouvernement à rendre des comptes, nous ne pouvons pas les utiliser, argue M. Harris. Avoir accès aux documents, c'est un moyen pour parvenir à nos fins.»

Lorsque M. Milliken a rendu sa décision, il y a deux semaines, il a conclu que le Parlement, et non le gouvernement, est l'instance suprême. C'est sur ce terrain qu'il reste à trouver un compromis.