Même si le Parlement a été prorogé et que le comité sur l'Afghanistan n'existe plus techniquement, l'opposition continue de faire pression sur le gouvernement pour obtenir des documents confidentiels concernant les prisonniers remis par les Forces armées canadiennes aux autorités afghanes.

Le comité ad hoc, qui avait entendu en novembre dernier le témoignage-choc du diplomate Richard Colvin, lequel accusait le gouvernement d'avoir été complice de cas de torture en Afghanistan, a été dissous lors de la prorogation de la Chambre, le 30 décembre dernier. Mais les députés libéraux, bloquistes et néo-démocrates membres du comité ont poursuivi leurs travaux de façon non officielle, mercredi. Ils ont entendu deux témoins : Errol Mendes, professeur à l'Université d'Ottawa et défenseur des droits de la personne, et Michel Drapeau, colonel à la retraite des Forces armées.

Selon le professeur Mendes, le refus du gouvernement de fournir les documents cités par M. Colvin lors de son témoignage viole la Constitution canadienne. «La démocratie meurt derrière des portes closes, a dit M. Mendes. Ceci en est justement un exemple.»

À la sortie de la séance, les libéraux ont indiqué qu'ils étudieraient «toutes les options» pour forcer le gouvernement à rendre les documents. Une motion en ce sens est déjà devant la Chambre, mais les conservateurs de Stephen Harper invoquent des raisons de sécurité nationale pour ne pas les remettre.

Le député du NPD Paul Dewar a quant à lui écrit au ministre de la Justice pour lui rappeler que la Chambre a ordonné au gouvernement de fournir ces documents aux députés, qu'il s'agit d'un droit constitutionnel et que rien n'a encore été fait dans le dossier.

«Si le procureur général refuse, par écrit, de donner les documents, le gouvernement fera outrage au Parlement», a jugé M. Dewar, en se basant sur les arguments du professeur Mendes.

Les conservateurs n'ont pas participé aux travaux du comité mais ne sont toutefois pas restés muets sur la question des prisonniers afghans. Le député Laurie Hawn, membre du comité, a publié en fin de journée un communiqué dans lequel il dénonce la «comédie» jouée par l'opposition, qui use selon lui «de calomnies et d'insinuations».

«Le gouvernement a fourni, et continuera de fournir, tous les documents légalement accessibles, a souligné M. Hawn. Toutefois, nous ne remettrons pas des renseignements de nature hautement délicate qui pourraient compromettre la vie des soldats canadiens sur le terrain.»

Les conservateurs ont aussi envoyé cette semaine à des centaines de foyers, dans des circonscriptions ciblées, des dépliants accusant les libéraux de critiquer le travail des troupes canadiennes en Afghanistan.

«C'est typique des conservateurs. Il y a quelques mois, ils nous accusaient d'être antisémites ou de protéger les criminels. Ce n'est rien d'autre que de la diffamation», a estimé le député libéral Bob Rae.