Les Afghans qui risquent leur vie pour soutenir la mission canadienne en Afghanistan pourraient bien ne jamais être en mesure d'entrer au Canada malgré la promesse d'Ottawa de faciliter leur immigration.

Neuf mois après s'être engagé à accélérer le processus pour ces Afghans qui souhaitent s'installer au Canada, le gouvernement fédéral n'a toujours pas complété la mise en place du programme.

Les interprètes, qui sont souvent les plus exposés au danger, ont été enchantés lorsque le personnel diplomatique leur a finalement expliqué la marche à suivre il y a trois mois.

«Cela a donné de l'espoir aux Afghans qui travaillent pour les civils ou les militaires canadiens», a révélé Jamal Mohammad, qui supervise 76 interprètes à Kandahar.

«Si cela ne fonctionne pas, ce sera le pire souvenir de notre vie. Et ça nous brisera le coeur.»

Pour participer, les candidats doivent d'abord remplir un formulaire et le remettre avec la documentation requise à l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), un organisme intergouvernemental ayant des bureaux à Kandahar. Il leur faut alors prouver qu'ils ont fait face à des risques plus élevés que ceux normalement encourus par les Afghans qui travaillent pour le Canada.

Les candidatures approuvées sont ensuite transmises à un comité d'examen composé de hauts dirigeants canadiens militaires et civils. Or, ce comité n'a toujours pas été mis sur pied. Citoyenneté et immigration Canada a fait savoir par courriel que les problèmes de sécurité à Kandahar avait eu un impact négatif sur l'implantation du programme.

Le ministère a toutefois précisé que l'OIM continuait à fournir des renseignements et de l'aide aux personnes intéressées. Mais plusieurs Afghans interrogés ont affirmé n'avoir reçu aucun soutien de la part de l'organisme, soit parce qu'il n'y avait personne pour répondre au téléphone, soit parce que l'information donnée était erronée.

Résultat: la plupart d'entre eux n'ont même pas franchi l'étape du formulaire qui vient avec huit pages de directives en anglais.

«Je ne l'ai pas rempli parce que personne ne m'a dit comment le faire», a déclaré Mumtaz Abbas, un jeune homme de 23 ans qui a été blessé trois fois durant les quatre années qu'il a passées avec les soldats canadiens.

Même si les candidats arrivent à compléter la démarche avec succès, tout ce qu'ils gagneront sera le droit d'effectivement présenter une demande d'immigration. Ils devront ensuite se soumettre aux vérifications en matière de sécurité, de criminalité et de santé. En outre, rien ne leur garantit que leur requête sera acceptée.

Ottawa a indiqué que le comité d'examen pourrait être convoqué en mars.